Le 15 octobre, la pluie n’a pas douché l’enthousiasme des participants à la marche blanche pour défendre l’hôpital de Maubeuge. L’Intersyndicale de l’hôpital (CGT-UNSA-FO-CFDT) était à l’initiative de cette action destinée à exiger « l’abrogation du plan de retour à l’équilibre financier imposé par l’Agence Régionale de Santé ». Dans une ambiance conviviale, de nombreux élus de tous bords unis contre la désertification médicale tiennent en tête de cortège une banderole appelant l’État à prendre ses responsabilités. Parmi eux, Michèle Gréaume, sénatrice du Nord et conseillère départementale, Benjamin Saint Huile, député de la 3e circonscription, Bernard Baudoux, président de la communauté d’agglomération Maubeuge-Val de Sambre, et Arnaud Decagny, maire de Maubeuge et président du conseil d’administration de l’hôpital. À 10h, le cortège s’élance du boulevard Pasteur où se situe l’ancien hôpital. La population défile aux côté de centaines de soignants, exaspérés par les fermetures de lits, de postes, et les démissions en cascade d’agents épuisés professionnellement. Les slogans rythmés « l’argent pour la vie, pas pour les profits ! » sont repris d’une seule voix. On marche en scandant « sauver l’hôpital c’est une urgence vitale ! », « c’est la crise sanitaire et on donne du fric aux actionnaires ! ». La sirène d’alerte à la population résonne alors que manifestent tous les acteurs du système de santé : médecins, infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, brancardiers, manipulateurs radio, pompiers... Un symbole fort pour alerter sur la situation critique du bassin de vie dont l’accès aux soins risque d’être réduit à peau de chagrin.
Un beau moment de fraternité.
À 10h40, les cloches de l’église Saint Pierre Saint Paul, située sur le parcours, sonnent à toute volée. Le Père Pascal Romefort, Doyen du Val de Sambre est dans la procession, « en solidarité avec le monde de la cité. Dans la mesure où toutes les tendances sont représentées, c’est normal que j’y sois. On sent qu’à travers cet hôpital il y a des choses un peu irréfléchies qui ont été faites. Au niveau de la santé, ici, on est un peu perdu. C’est même un peu scandaleux. Les gens sont obligés de se tourner vers Valenciennes ». Une délégation de personnels de l’hôpital de Douai renforce les rangs. Les agents sont très concernés, et savent que les plans de restructuration économique concernent l’hôpital public en général. Ils ont défendu eux-mêmes leur établissement menacé en 2018, soutenus par le député communiste Alain Bruneel à l’origine d’une chaîne humaine pour symboliser la protection de l’hôpital par les acteurs de terrain. Très investies dans la défense de leur hôpital, les unions syndicales et la population passent en tête de cortège pour gagner le site du nouvel hôpital. Derrière les fenêtres, des dizaines de soignants applaudissent la mobilisation. Les sirènes des véhicules de pompiers répondent à celles des voitures de SMUR garées devant l’hôpital, tandis que les gyrophares illuminent la scène. Quelques signes de sémaphore, mais pas besoin de mots pour se comprendre et pour confirmer que c’est au final près de mille personnes qui se mobilisent, ensemble. C’est devant le nouvel établissement, rue Simone-Veil, que Xavier, infirmier, qui se décrit comme un « brontosaure de l’hôpital » donne lecture du texte commun co-écrit par les élus et les organisations syndicales. Les revendications sont claires : « la suppression de la dette de l’hôpital, 20 millions d’euros pour rendre l’hôpital fonctionnel, regroupé sur un seul site, et l’arrêt immédiat des suppressions de postes ». C’est Bernard Baudoux qui donne le signal de la dispersion sous les applaudissements. « Ce n’est pas une fin en soi. Si nous n’obtenons pas satisfaction, nous reviendrons et nous continuerons de manifester. Les citoyens de l’Avesnois ont le droit à la santé pour tous et on ne lâchera pas ! »