© Marc Dubois
Manifestation du 7 février contre la réforme des retraites

À Lille, la mobilisation toujours au rendez-vous

par Nadia DAKI
Publié le 10 février 2023 à 14:35

Et de trois. Mardi 7 février, les opposants à la réforme des retraites ont, pour la troisième fois, depuis le début de l’année, manifesté dans les rues de Lille. Entre pénibilité de certains métiers et hausse du coût des factures, certains s’offusquent de la fermeté opposée par le gouvernement.

L’intersyndicale tient bon, tout comme l’intergénérationnel et l’intersectionnalité. Il ne faut pas dire à Françoise que, selon certaines estimations, la mobilisation s’affaiblit. « Je m’en fiche des chiffres, fustige-t-elle. Il suffit de tourner la tête pour voir que les rues sont noires de monde mais surtout le mouvement s’installe dans le temps. » À 57 ans, cette femme de ménage ne compte plus ses heures. « Je me lève tous les jours à 5 h 15, je bois un grand bol de café puis direction mon premier chantier. » Elle doit laver les bureaux d’une grande entreprise de la métropole lilloise. « On doit faire vite. Tout doit être propre avant que les personnes arrivent. Comme s’il fallait surtout pas qu’elles nous croisent. » Cette invisibilité donne à Françoise, selon ses mots, un côté encore plus « misérable » à sa profession. « Je dois remplir des seaux d’eau au rez-de-chaussée car je n’ai pas le droit de le faire dans les toilettes à l’étage des bureaux. » Deux étages à nettoyer avant 8 heures. Direction ensuite un second « chantier », une banque à Tourcoing située à 45 minutes de transports en commun. « Le détergent abîme mes mains. Les chefs nous disent de porter des gants, mais aussi qu’il faut aller vite. Et, on va plus vite sans les gants. » Elle enchaîne les contrats avec de petits volumes horaires, court entre deux chantiers, montre une ceinture de maintien qu’elle porte continuellement pour soulager ses maux de dos. Sa journée est ponctuée de deux à quatre chantiers par jour. Alors, la retraite, elle voyait ça comme une sorte de repos bien mérité. « J’ai galéré toute ma vie à travailler sans arrêt. Et, le gouvernement me dit de travailler encore plus. À ce rythme, je vais finir handicapée ou mourir en train de passer la serpillère. » Pour Marc, ce sont l’augmentation du loyer et des charges de son bailleur, LMH, qui l’inquiètent. « Début février, nous n’avions toujours pas les avis d’échéance du loyer de janvier. Nous aurions dû les avoir avant la fin du mois. Certes, LMH avait annoncé une hausse de 3,6 % et une hausse des provisions de charges. Au final, ces hausses mensuelles, 44 euros en ce qui me concerne, représentent nettement plus qu’un 13e mois de loyer et charges. Il y aura certes une “régularisation” en cours d’année, mais il faudra tenir compte alors des hausses de 15 % du gaz et de l’électricité et de l’arrêt du tarif gaz réglementé. Des factures qui seront d’autant plus salées que les logements sont mal isolés, à la limite de l’insalubrité parfois. Heureusement, il n’y a pas que des mauvaises surprises. Ma retraite du mois de janvier a augmenté de 10 euros », ironise-t-il.

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