© Alain Étienne
Jeudi 19 janvier

Énormes manifestations sur la Côte d’Opale

par Etienne Alain
Publié le 20 janvier 2023 à 10:02 Mise à jour le 25 janvier 2023

6 000 à Boulogne-sur-Mer, 5 000 à 6 000 à Calais. Les avenues des deux villes portuaires n’avaient pas connu de telles manifestations depuis des années. Parmi les manifestants, les « privilégiés » montrés du doigt par les cliques macronistes, de la droite et de l’extrême droite. De celles et ceux qui ont arraché par leurs luttes quelques aménagements supplémentaires, dits « régimes spéciaux » qu’ils aimeraient voir étendus à tous les salariés. Mais pas que...

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Des métallos, des sidérurgistes, des gens de la Marée, des employés de bureau, des ouvriers des fours à chaux, des usines agro-alimentaires, des jeunes sans emploi ou scolarisés... Le mouvement a été massif dans le secteur privé [1]. Tous les syndicats appelant à la grève et aux manifestations étaient là ainsi que les organisations politiques de Gauche, chacune sous ses couleurs. Une bonne raison à cela, outre la primauté laissée au mouvement syndical : les partis membres de l’accord électoral Nupes n’ont pas la même approche du financement des retraites et de la durée des cotisations.

Pas question de mourir au travail !

Pour les manifestants en tout cas c’était très clair : pas question de mourir au travail ou de finir cassé à 67 ans par les conditions de travail. Geoffrey, 42 ans, travaille chez Capitaine Cook, un producteur racheté par Intermarché depuis 1988. « Je travaille dans le froid, dès 1h30 du matin car pour gagner un peu sa vie il faut travailler de nuit. Je ne tiendrai pas jusqu’à 67 ans. Depuis 18/20 ans que nous sommes là, explique-t-il avec un de ses copains de travail, nous n’avons connu que 4 départs en retraite véritables, des gars qui ont tenu jusqu’au bout. Généralement on part avant pour maladie ou inaptitude et des tas de problèmes de santé qui ne sont toujours pas reconnus comme maladies professionnelles. Donc hors de question, on continuera à se battre ! » Mowi est leader mondial des produits de la mer et le plus grand producteur de saumons d’élevage. Spécialisée dans la transformation et conservation de poissons, de crustacés et de mollusques, son effectif est compris entre 250 et 499 salariés selon les besoins.

Najat, au centre. Pour l’ouvrière de la Marée « impossible de tenir jusque 64 ans ».
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Najate, 40 ans y travaille depuis 18 ans. Aujourd’hui chargée de calculer les rendements elle revient de loin. La dureté du travail « dans le froid permanent, les horaires décalés (4 h/12 h puis 13 h/21 h), les gestes répétitifs font que je suis victime d’une maladie professionnelle non reconnue ». Heureusement « la médecine du travail a dit qu’il fallait me placer à un poste adapté, sinon... ». Sinon, comme d’autres elle aurait dû prendre la porte, sans rien. Pour l’ouvrière de la Marée « impossible de tenir jusque 64 ans ». Donc elle continuera à se battre pour une vraie politique sociale de retraite.

Notes :

[1Sur Capécure : Gelmer, arrêt des lignes de production dès 1 h du matin et 100 % de grévistes ; Mowi, Capitaine Houat, Findus, Pescanova, Petit Pierre, United Pet Food, Continentale de Nutrition ; suivant les postes entre 70 et 100 % de grévistes, Dans la métallurgie : Outreau Technologies, 70 % de grévistes (dont de nombreux agents de maitrise) ; idem chez Crown Cork Eviosys, SBE (réparation téléphone mobile), 50 % de grévistes sur le poste du matin.

Mots clés :

Pas-de-Calais