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Le gouvernement est dans une posture purement idéologique

Publié le 17 mars 2023 à 15:55

Trois questions à Laurent Cordonnier, économiste et professeur à l’université de Lille.

En quoi, selon vous, la démarche du gouvernement sur la réforme des retraites pose-t-elle un problème démocratique ?

Il me semble que si l’on entend la question sous l’angle du respect des institutions, on ne peut pas prétendre que la démarche gouvernementale soit dérogatoire à nos outils démocratiques. Ça ne veut pas dire pour autant que c’est une bonne manière de pratiquer le débat démocratique. La question de la retraite touche essentiellement les salariés et les indépendants. Comment se fait-il qu’ils ne soient pas autour de la table pour traiter des financements possibles y compris pour les décennies à venir ? Dans une démocratie mature avec des institutions responsables, ça aurait dû se passer ainsi.

L’exécutif a pourtant répété qu’il entretenait un dialogue permanent...

Le président a su être inventif quand il s’est agi de mettre en place des conseils citoyens, ce qui vaut pour des dossiers qui vont au-delà de celui des retraites. Le COR (conseil d’orientation des retraites, ndlr) construit un scénario qui recueille le consensus. Il faut poser les choses, réunir réellement les partenaires sociaux. Certes, le gouvernement a accueilli l’ensemble des syndicats dans les ministères respectifs, il les a écoutés, mais les a-t-il seulement entendus ? Poser la question, c’est y répondre.

Comment justifiez-vous ce positionnement politique ?

Il est troublant que le gouvernement ait mis une ligne rouge du refus des augmentions de cotisations. Je pense que c’est purement idéologique. C’est une manière d’opérer qui date du tournant néo-libéral des années 80. On instille dans la tête des salariés que tout ce qu’ils revendiquent est coûteux. Toute l’histoire sociale est pourtant faite de négociations entre représentants des salariés et représentants des employeurs, à l’image de la Sécurité sociale.

Propos recueillis par Mourad Guichard