Lille

Les rues ne désemplissent pas pour des manifs intergénérationnelles

par Nadia DAKI
Publié le 17 février 2023 à 10:29

Que ce soit la manifestation du samedi 11 février ou celle du jeudi 16 février, les rues de Lille étaient une nouvelle fois noires de monde. Des marcheurs, en nombre, contre la réforme des retraites.

Première manif pour Sual, 9 ans et demi. « J’aime bien l’ambiance. On est tous rassemblés contre la réforme à 64 ans. » Il se rêve conducteur de bus, de tramway et directeur d’école et sait déjà que « quand on est âgé, on doit pouvoir partir à la retraite pour se reposer un peu ». Il prend le temps de lire toutes les pancartes à son niveau pour se faire sa propre opinion. « Il y a beaucoup de monde, je trouve. J’aime bien les pancartes car elles me permettent de comprendre les raisons des gens. » En ce début de vacances scolaires, de nombreuses familles composent le cortège. Des enseignants aussi. Élisa, la maman de Sual, n’a pas dû le convaincre longtemps. « Il hésitait un peu avant de partir mais maintenant il est convaincu. C’est important de le sensibiliser à ce qu’il se passe, à ce que représente une manifestation, à ce qu’est un droit de grève. C’est une manière pour lui de prendre conscience de l’importance d’une mobilisation citoyenne. » L’ensemble des organisations syndicales est présent. Le PCF, le PS, les Verts, LFI, le NPA, également. La présence policière est plus discrète en ce samedi de manifestation sauf aux abords des grands axes et des institutions. Sébastien, 37 ans, répond présent depuis le début des mobilisations. « Le travail ne doit pas être la variable d’ajustement d’une logique budgétaire. Le gouvernement n’a pas d’autre choix que de nous entendre dans la mesure où l’opinion publique est avec nous. » Avec l’arrivée des jeunes, il espère construire une grève générale reconductible. Et d’insister : « Ce sont les gouvernants, cette classe politique bourgeoise, qui ont décidé d’aller au front. On doit rester unis face à eux. »

Un gouvernement « sourd et aveugle »

Cette fois encore, de nombreuses professions se succèdent. « Toutes les professions fédèrent contre cette réforme, remarque le Pr Laurent Thines, neurochirurgien qui a exercé 16 ans à Lille avant de partir à Besançon. On est dans la même logique politique que pour la santé, les transports, l’énergie ou l’école publique : une destruction générale des services. » Présent dans la manifestation lilloise, il avait participé aux précédentes à Besançon. « Je crois que le gouvernement n’a toujours pas compris la colère des gens. Il est dans le déni, aveugle et sourd. » Jeudi, les rangs ne se sont pas desserrés. « On ne peut pas généraliser un système à des gens dont les réalités sont différentes. Chacun devrait pouvoir choisir en fonction du métier qu’il exerce, de sa santé, de son âge », estime Philippe Lemiere, conseiller municipal à Lomme. Pour cet ancien cheminot qui a enchaîné les 3x8, aujourd’hui retraité, « certains métiers ne sont plus possibles physiquement à partir d’un certain âge. » Tous ont d’ores et déjà pris rendez-vous pour la mobilisation du 7 mars. « Jamais rien n’a été donné. Tout a été arraché, quels que soient les gouvernements, et même avec ceux de gauche, rappelle, Jean-Bernard, 62 ans. Notre système de retraites a fait ses preuves. Il est juste et solidaire. Si on doit arriver à un blocage, on ira. La rue doit tenir. On n’est pas né pour travailler. Encore moins pour mourir au travail. »

Mots clés :

Nord Lille