5 décembre

Quel cataclysme nous attends donc jeudi ?

Revue de presse

par Justine Frémy
Publié le 5 décembre 2019 à 12:49

Guerre ? Tsunami ? Accident nucléaire ? Chute d’astéroïde ? Invasion extraterrestre ? À quoi doit-on tant se préparer ce jeudi 5 décembre pour que les principaux titres de presse nous délivrent tous ces conseils sur la marche à suivre ? Rien de tout cela, une grève pour défendre les retraites des Français, tout simplement.

Pourtant, à en croire certains, c’est une vraie catastrophe qui va s’abattre sur le pays. Si la métaphore la plus utilisée dans les journaux est celle du « jeudi noir » (et même « noir de chez noir  » pour reprendre un titre de France Info), en référence au fameux krach boursier de 1929 qui plongea le monde dans la crise économique, certains titres vont encore plus loin dans les comparaisons apocalyptiques.

Guide de survie

Le Parisien nous propose ainsi son « guide de survie » à la grève mais aussi ses « cinq commandements » pour … « aller au travail à vélo ». On n’en demandait pas tant ! Pour filer la métaphore de la catastrophe, Le Monde évoque carrément le « cyclone » du 5 décembre. Dans Les Échos, on apprend que « le conflit piège » les Français, notamment dans les écoles et les transports. Dans Capital, on se demande si l’on est face à « une crise politique et sociale plus forte qu’en 1995 ? » L’Opinion évoque, lui, un « conflit imprévisible » et CNEWS « l’angoisse d’une paralysie générale et durable ». Les dernières nouvelles d’Alsace parlent quant à elles de « la semaine de tous les dangers » susceptible de paralyser le pays.

Face à la grève, le spectre de la peur est (presque) partout, on apprend même dans Voici que Brigitte Macron a « très peur  » des menaces sur son mari et ses proches. Elle est loin d’être la seule. À l’approche des fêtes de fin d’année, les commerçants aussi craignent pour les affaires, quand, à Lyon, c’est sur la fête des Lumières que plane « l’ombre de la grève ». Dans les universités aussi, on a peur. L’Obs nous apprend notamment que la fac de Tolbiac sera fermée « par mesure de précaution et de sécurité ».

Plan de bataille

Face à cette menace, les forces de l’ordre développent donc un véritable plan de bataille. Dans 20Minutes, on nous dépeint un « dispositif de sécurité hors-norme à Paris pour la manifestation » et dans Marianne on nous dévoile même « le plan secret de la préfecture » à base de « caméras tactiques ». Sur France Info, on apprend que « la Préfecture de Paris fait fermer les commerces sur le parcours des manifestants  ». À en croire ces titres, c’est bien dans une guerre que l’on se lance. On sera cependant rassuré d’apprendre dans Le Figaro que face à l’épreuve sociale, «  l’exécutif affiche sa sérénité » et que la grève profite aux « cars Macron  » comme nous l’indique France Info !

N’oublions pas cependant que la grève est responsable de tous les maux. Elle en force même certains à devoir aller passer la nuit chez belle-maman pour arriver à l’heure au travail, comme nous l’explique 20Minutes. On imagine l’angoisse ! Mais alors, quid de la peur des Français pour l’avenir de leurs retraites ?

Appel à la mobilisation

On trouve tout de même quelques articles qui proposent une autre vision du mouvement, moins catastrophiste, et peut-être plus constructive. Dans le Huffington Post, un sondage exclusif indique ainsi que « 71 % des Français  » sont « inquiets pour l’avenir de leur retraite » et que « 60 % des personnes interrogées soutiennent la grève ». Le Monde nous apprend dans une tribune que 180 intellectuels et artistes soutiennent « celles et ceux qui luttent ». L’Humanité évoque « la levée en masse » des Français pour défendre leurs droits, La Marseillaise appelle tout le monde à se retrouver « dans la rue le 5 décembre !  » quand France Inter nous livre les témoignages de 100 Français qui en ont « ras-le-bol » et expliquent pourquoi ils vont faire grève le 5 décembre.

Transports bloqués, écoles fermées, spectre d’une pénurie d’essence… Alors oui, dit comme ça, le 5 décembre s’annonce peut-être comme une journée de « galère » pour certains. Mais est-ce la seule chose dont on devrait s’alarmer ? Un avenir décent pour tous ne vaut-il pas la mobilisation d’une journée ?