Marianne Pladys, présidente du Planning familial du Nord
« Celles qui vont partir en retraite ont déjà vécu des inégalités très fortes »
Le projet de réforme des retraites est antinomique avec les droits des femmes. Aujourd’hui, les jeunes n’ont plus le même rapport au travail. Les temps ont changé depuis le Covid. Cette réforme va à l’encontre du mouvement international actuel qui tend vers une réduction du temps de travail, pas un allongement. C’est le contraire même du progrès. D’autant plus que ce projet précarise encore plus les femmes alors qu’on sait qu’elles occupent souvent des métiers difficiles, fatigants et qu’elles cumulent avec le travail et les préoccupations domestiques. Celles qui vont partir en retraite ces trente prochaines années ont déjà vécu des inégalités très fortes, avec des écarts de salaire qui ne sont pas encore résorbés. Et là, au lieu de rééquilibrer une situation déjà défavorable, le gouvernement va renforcer des inégalités. Je crains une société à deux vitesses avec celles et ceux qui auront les moyens physiques et financiers de partir plus tard à la retraite, qui peuvent se ressourcer et partir régulièrement en vacances et les autres qui peinent à boucler les fins de mois et pour qui il est impossible de partir en vacances. Le Planning familial s’inscrit dans le mouvement de contestation depuis le début, c’est pourquoi nous maintenons les salaires de nos grévistes.
Gérard Filoche, porte-parole gauche démocratique et sociale
« 13 années d’écart d’espérance de vie entre les riches et les pauvres »
Je suis clairement enthousiasmé par ce qui s’est passé durant la journée de mobilisation du 7 mars. La plus belle depuis des décennies. Des millions de salariés et de privés d’emploi de ce pays sont convaincus que la seule réponse à Macron, c’est la lutte. Il va falloir se battre pour que l’issue de ce mouvement soit victorieuse. Et c’est possible. La France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal réparties. D’ailleurs, comment expliquer qu’après une vie de travail, des retraités touchent des pensions bien inférieures au Smic ? Pour la suite des événements, et même si je laisse la main aux syndicats, je suis favorable à des grèves reconductibles, seules capables de pousser le patronat et le gouvernement à négocier le retour d’une retraite à 60 ans calculée sur les dix meilleures années. N’oublions pas que lorsque le gouvernement dit que l’on doit partir plus tard parce que l’on vit plus longtemps, c’est un leurre. Entre les plus pauvres et les plus riches, il y a jusqu’à 13 années d’écart d’espérance de vie. J’alerte donc sur le fait qu’il faille rester concentré sur l’objectif du retrait de l’article 7 qui repousse l’âge de départ à 64 ans. Nous avons l’unité syndicale, nous avons l’unité politique, la force est avec nous. Ne nous laissons pas voler nos plus belles années.
Karine Trottein, secrétaire fédérale du PCF Nord
« Désormais, il faut échanger avec les habitants et et faire des contre-propositions »
Avec ses 100 000 manifestants revendiqués pour la seule ville de Lille, la journée du 7 mars a incontestablement été une réussite. Cette sixième journée a constitué un point de départ pour la suite de la mobilisation. Comme le gouvernement ne semble pas vouloir bouger d’un iota sur sa réforme des retraites, il va falloir poursuivre des grèves reconductibles et des blocages, comme celui du dépôt pétrolier de Mardyck, à l’arrêt depuis plusieurs jours déjà. Les travailleuses et les travailleurs n’aiment pas que l’on s’attaque à leur retraite. Nous sommes aujourd’hui dans une dynamique comparable à celle de 1995. En bloquant l’économie, nous pouvons contraindre le Medef à faire pression sur le gouvernement pour que ce dernier abandonne sa réforme. Quand vous voyez que Borne et Macron sont prêts à envoyer l’armée pour empêcher les piquets de grève des raffineries, de quel côté se trouve la violence ? Dans les prochains jours et comme c’est le cas depuis début février, les communistes du Nord continueront d’organiser des rencontres et des réunions publiques, comme ce 15 mars à Dunkerque. Notre but étant d’échanger avec les habitants de nos territoires et de présenter nos contre-propositions pour le maintien du financement d’un système de retraites par répartition.
