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Béthune

Vers un durcissement de la mobilisation

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 17 février 2023 à 10:32

En provenance de l’ouest du Bassin minier, ils étaient de 2 500 à 3 000 manifestants à défiler dans les rues de Béthune, samedi 11 février. De SUD à la CGC, de la CFTC à la CGT, les syndicalistes présents s’attendent à un durcissement si le gouvernement reste sourd à leurs revendications, exprimées pacifiquement jusque-là.

« On se croit revenu au temps des seigneurs avec un roi qui traite ses sujets en valets. Emmanuel Macron ne respecte pas la démocratie. Il ne nous écoute pas », s’agace Germain Souille, secrétaire général de l’UL SUD/Solidaires de Béthune. Même son de cloche du côté de Thierry Vanderbergue, son alter égo de l’UL CFTC de Lens, qui dénonce « une forme de dictature. La population rejette massivement cette réforme, mais le gouvernement reste sourd ». Pour Philippe Lhomme, cette posture « n’est pas nouvelle ». Déjà « lors des rencontres avec les syndicats, qui ont précédé la mobilisation, il n’y avait pas d’échanges. Il ne s’agissait pas d’une concertation, mais d’un monologue gouvernemental », estime le président de l’UL CFE/CGC de Béthune. « Pour l’instant, le mouvement prend dans le privé, mais pas suffisamment. Chez nous, de 180 à 200 personnes, sur un effectif de 900 salariés, ont débrayé lors des journées d’action. C’est lorsque l’économie sera bloquée que le gouvernement fera machine arrière. Les grands patrons frapperont à la porte de Macron en lui demandant d’arrêter tout ça », prédit Fabrice Jamart de la CGT Stellantis à Douvrin.

« Aux salariés de décider »

Sachant que l’emploi et le pouvoir d’achat en berne comptent parmi les autres préoccupations du monde du travail, tous se préparent à la journée d’action du 7 mars prochain. « Il n’est pas prévu de mener des actions avant cette date, mais nous allons nous mettre en contact avec l’intersyndicale et nos camarades de la CGT qui sont “chauds pétotes”. Faire le pantin dans les rues, ça suffit ! » souligne Germain Souille. La perspective d’un durcissement de la contestation traverse tout autant l’esprit de Philippe Lhomme « même si, à la CGC, on favorise toujours le dialogue. Si on en arrive là, ce serait un aveu d’échec dont le gouvernement serait grandement responsable ». Pour l’instant, « à la CFTC, il n’y a pas de mot d’ordre en ce sens, mais si le gouvernement s’entête, les marches ne suffiront pas. Il faudra durcir le mouvement dans les entreprises. On n’est pas pour tout casser. Il serait dommage d’en arriver à de telles extrémités », admet Thierry Vanderbergue. Quant à Fabrice Jamart, fidèle au syndicalisme de classe, il se dit évidemment favorable à un durcissement du mouvement « à condition toutefois que les salariés soient partants, ça ne peut pas se faire entre délégués ». Il ignore cependant quelle forme il pourrait prendre : « C’est aux travailleurs de décider. D’ici le 7 mars, nous allons prendre la parole dans les ateliers pour le leur demander. »

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