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Charles de Courson

“C’est un déni de démocratie. Jamais, mais jamais, je n’ai connu une telle obstruction du gouvernement.”

par Nils Wilcke
Publié le 31 mai 2023 à 19:10

Le député centriste du groupe parlementaire Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot) est à l’origine d’une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites qui pourrait être débattue le 8 juin. Si elle fait enrager le camp présidentiel, elle a reçu l’aval des députés de gauche, notamment des élus communistes.

Avec l’usage des articles 47.1, 44.3 et 49.3 pour forcer le passage du texte au Parlement, et aujourd’hui la menace d’usage de l’article 40 et l’irrecevabilité déclarée de votre PPL par Yaël Braun-Pivet, peut-on parler de coup de force institutionnel (contre une mobilisation sociale historique) voire antidémocratique ?

Les manœuvres tant du gouvernement que des Macronistes pour empêcher un vote montre qu’ils ont peur qu’il y ait un vote clair contre l’augmentation de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

Macron annonçait un "cheminement démocratique » sur sa réforme des retraites…

C’est exactement l’inverse. La démocratie eut été de laisser le Parlement voter la motion de rejet que je défendais. C’est parce qu’ils ont vu qu’ils étaient battus qu’ils ont utilisé le 49.3 qui a déclenché immédiatement une motion de censure qui a failli passer. Mais parce que seuls ceux qui sont pour la motion de censure votent, c’est la majorité absolue qui l’emporte.

Si la PPL est bloquée, quelle stratégie envisagez-vous ? Une motion de censure contre le gouvernement ?. Comment rebondir ?

On verra. On sera déjà au mois de juin. Au mois de juillet, on nous annonce la loi de programmation des finances publiques. Celle qu’on avait repoussé il y a quelques mois de cela. Le gouvernement est condamné à sortir le 49.3 en cas de session extraordinaire sur les finances. C’est un texte sur lequel il joue gros puisqu’il y aura tout de suite une motion de censure. Donc plutôt que de s’user à sortir trente motions de censure… Bref, les débats sont en cours.

Vous êtes le doyen en terme de longévité de mandat à l’Assemblée, avez-vous déjà connu une telle situation de tension sur un texte ou une telle obstruction du gouvernement ?

Jamais, mais jamais ! La situation particulière existante est qu’il n’y a pas de majorité. La majorité se qualifie de relative mais elle n’est ni majoritaire ni relative, une majorité relative n’existe que dans la mesure où vous n’avez pas une coalition des autres. Ils sont en minorité et coalisent sur certains textes la totalité des oppositions. Ils utilisent des moyens de procédures pour éviter le vote, c’est un déni de démocratie

Vous disiez que le gouvernement pourrait être renversé s’il persistait dans cette réforme des retraites. Comment imaginez-vous cela ?

Je pense que le gouvernement sera renversé un jour à moins que le président remanie avant. Il tombera sur une motion de censure ou à l’occasion de l’examen d’un texte. La motion de censure n’est pas liée nécessairement à un texte.

L’intersyndicale a organisé une manifestation le 6 juin pour soutenir la PPL à l’Assemblée, cette mobilisation à la veille des vacances peut-elle faire bouger les choses ?

Oui, je pense que toute collectivité humaine comporte des gens hésitants, ce genre de mobilisation pourrait peut-être les convaincre. Surtout si la manifestation se passe bien, c’est-à-dire encadrée et solide. Vous savez, notre proposition de loi pour abroger la retraite vise à sortir de cette crise politique et sociale. Car à force de continuer dans cette voie, on va paralyser le pays.

La majorité présidentielle et la droite vous accuse de chercher votre quart d’heure de gloire ?

Je note qu’une partie des Républicains me soutiennent et que M. Ciotti a donné la liberté de vote à son groupe. Les attaques de la minorité présidentielle sont diverses et variées mais me laissent totalement indifférent. Je suis comme un canard : quand il pleut, la pluie glisse sur ses plumes.