Valenciennes

Un quatrième pont est nécessaire pour désengorger le centre-ville

par JEAN CLAUDE QUILLET VILETTE
Publié le 18 décembre 2020 à 12:40

Ex-conseiller municipal (PCF) de Saint-Saulve, Jean-Claude Quillet-Vilette pousse un coup de gueule. Pour lui, il est urgent que la ville de Valenciennes investisse dans la construction d’un pont supplémentaire. Il reproche à la municipalité d’attendre des financements de la communauté d’agglomération, aux dépens des communes rurales.

Depuis des décennies, les Valenciennois attendent l’ouverture d’un quatrième pont pour le dégagement de la circulation aux heures de pointe, des sorties de lycées-collèges, d’universités, d’usines, zones commerciales et autres. Valenciennes-Métropole et la Porte du Hainaut comptent plus de 360 000 habitants...

Une entrée peu accueillante

Quand on arrive de Belgique, l’Avenue de Liège, à Valenciennes, est la voie principale pour entrer dans la ville. Depuis des années, celle-ci ressemble presque à la « trouée d’Arenberg », exception faite que les pavés et les rails du tram des années 1950 sous le macadam ne sont pas encore réapparus en surface ! Ce tronçon de route d’une longueur de 800 mètres environ, entre la rue du Marquis en limite de Saint-Saulve et le carrefour de l’Octroi rue des Glacis, est un véritable champ de labour dans les deux sens de sa circulation. Truffée de nids de poule depuis des années ou colmatée par un tarmacadam à froid venant en surépaisseur sur la chaussée, devant d’autres nids de poule en formation… Aucun travaux d’aménagement n’a jamais été envisagé, cela malgré les différentes compétitions en piscine du PCVA (Pélican club Valenciennes), au temps où cette dernière était encore compétitive avant son incendie, ou lors des matchs USVO (Union sportive Valenciennes Olympic), « championne d’Europe » à plusieurs reprises, avant sa liquidation par ses dirigeants de l’époque et que la salle ait fini elle aussi dans les flammes ! C’est cette entrée qui s’offre aux visiteurs étrangers venant se rendre compte de ce qu’est « l’Athènes du Nord » ! Alors que le mail Watteau, les boulevards Pater et autres, la partie se situant de la place Poterne, square du Rieur jusqu’au carrefour de « l’Octroi », ont été réhabilités aux frais le plus souvent de Valenciennes-Métropole (il en est de même aujourd’hui encore pour la réhabilitation du boulevard Saly, aux dépens des communes rurales), la ville de Valenciennes va-t-elle attendre de passer un financement à la métropole pour rétablir ce tronçon de 800 mètres ? Il faut savoir que pour ce qui est du désenclavement du centre-ville aux heures de pointe, vers Anzin/Raismes-La Sentinelle, la liaison avec l’autoroute A23 vers Lille et autres, il ne reste plus depuis l’incendie sous le pont Villars le 7 avril 2017, que deux ponts et demi pour sortir du centre-ville. Le pont Villars fut coupé à la circulation camions-automobiles, y compris la voie navigable, mais aussi interdit aux piétons et aux cyclistes pendant cinq semaines, empêchant ainsi l’accès à l’autoroute A23 vers Lille, aux cliniques et au centre hospitalier, mais aussi aux zones industrielles et commerciales. Après un bricolage technocratique concernant des travaux de réfection qui pouvaient coûter 10 à 15 millions d’euros à la ville, le pont enjambant l’Escaut fut rouvert partiellement à la circulation fin mai 2017. Réouverture autorisée aux seuls véhicules de 1,90 m de hauteur maximum et de moins de 3,5 tonnes. Ces normes sont toujours en vigueur depuis cette date et le dossier est passé sous le tas de paperasses en attente !

La faute aux textos ?

Depuis, ce sont des portiques métalliques qui bloquent la circulation aux bus, camionnettes de livraison, ambulances et autres. Mais de nombreux portiques limitant la hauteur du passage de chaque côté de l’accès du pont ont été démolis depuis, bloquant des journées complètes toute circulation. Peut-être par manque de portiques annonciateurs quelques centaines de mètres avant le passage réduit. Aujourd’hui encore, il est facile aux dirigeants municipaux de montrer les muscles. Ceux-là même qui ont été incapables de prendre des initiatives salutaires depuis plus de trois ans, afin de régulariser cette circulation tronquée. Il est tout aussi facile de taxer les accidentés de « hauteurs excessives » (imposées par la majorité par décrets municipaux) qui « s’emplafonnent dans les portiques », en les suspectant officiellement d’imprudence. Selon le maire Laurent Degallaix, 9,5 conducteurs sur 10 envoient des « textos ou regardent des vidéos sur leur portable ».

15 millions d’euros

Aujourd’hui, la ville de Valenciennes (sixième ville du Nord) est toujours dans l’incapacité, depuis 42 mois, de remettre en service ce pont dans des conditions sécuritaires pour la circulation. Alors qu’un quatrième pont de désengorgement est toujours à l’étude depuis des décennies ! Qu’en est-il des assurances ? Personne n’en parle ! 300 mètres de tablier de pont sont à remplacer. Lorsqu’on lui pose la question en public, le maire objecte que ces 300 mètres qui bloquent toute circulation depuis plus de trois ans représenteraient un coût de quinze millions d’euros. Mais le coût était de combien en 2017 ? À combien s’élèvera-t-il dans cinq ou dix ans, voire plus ? Pourtant, il reste quelques monuments historiques à vendre à Valenciennes, pour les « refiler » aux amis du privé et les transformer en logements grand luxe ! Faut-il comparer ces 300 mètres du pont Villars surplombant l’Escaut à l’effondrement le 14 août 2018 du viaduc autoroutier de Gênes en Italie, de 1 100 m de longueur, 40 m de large, installé sur des pylônes de 45 à 90 m de hauteur ? Un effondrement dû sans aucun doute à l’incompétence et l’irresponsabilité de la société concessionnaire, responsable de la maintenance. L’accident avait fait quarante-trois morts dont trois Français. À Valenciennes, il faut être soulagé de savoir que la ligne du tram n’a pas été en son temps prévue par le pont Villars, mais par le pont Jacob... L’Italie, pays fondateur de la CEE, est pourtant une nation qui a toujours été montrée du doigt par l’ensemble des 26 autres pays de l’UE, y compris la France qui, elle, n’oublie pas de se montrer critique lorsque le gouvernement italien n’est pas issu de la droite ou de son extrême. Ce pays pourtant décrié a, après dix-neuf mois suivant l’effondrement du viaduc et cela malgré la pandémie qui l’a touché de plein fouet, reconstruit un viaduc neuf afin de désengorger la circulation intra-muros et vient d’être ouvert à la circulation en août 2020. Combien de temps faudra-t-il attendre les financements pour reconstruire ces 300 mètres de tablier ? Faudra-t-il attendre une levée de financement de Valenciennes-Métropole, à la demande de son président, Laurent Degallaix, et que les représentants municipaux minoritaires des communes rurales voteront au détriment de l’aménagement de leurs villages ?

(Photo : © Google Maps)