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Tennis de table

Jacques Secrétin nous a quittés

par JEAN-JACQUES POTAUX
Publié le 7 décembre 2020 à 11:59

Né à Carvin en 1949, décédé la semaine dernière à Tourcoing, Jacques Secrétin restera une légende vivante, celle de l’homme qui, grâce à son adresse, son talent et son génie, a révolutionné le tennis de table français. En France, il y eut l’avant Secrétin, puis une longue période de deux décennies pendant laquelle il domina ce sport, les autres luttant pour la seconde place alors qu’il accumulait les titres de champion de France, devenant même champion d’Europe, et champion du monde en double mixte avec Claude Bergeret. Puis il y eut l’après Secrétin avec l’éclosion de nombreux joueurs de talent qui suivirent le chemin qu’il avait ouvert, dont le plus emblématique fut Jean-Philippe Gatien, qui devint champion du monde et vice-champion olympique à Barcelone en 1992. Jacques Secrétin est parti alors qu’il se préparait pour les championnats du monde des plus de 70 ans qui auraient dû se dérouler à Bordeaux en 2020 et qui furent reportés en raison de la pandémie.

Un spectacle mêlant sport, humour et cirque

Ce champion multipliait les rencontres dans différents milieux, échangeant des balles avec ceux qui le souhaitaient, multipliant les conférences dans les collèges ou les écoles, participant dans les prisons à des opérations de réinsertion. Œuvrant pour le développement de sa discipline, il avait monté avec Vincent Purkart un show dans lequel la démonstration le disputait à l’humour, véritable spectacle de cirque construit autour de la balle de ping pong. Ce spectacle fit le tour du monde, fut donné des milliers de fois en France et des centaines en Allemagne. Ce fut une formidable propagande pour le tennis de table. J’ai eu la chance de le voir gagner son premier titre de champion de France minime à Beauvais en 1962. Deux ans plus tard, à quatorze ans il intégrait l’équipe de France. C’est à Valenciennes qu’en 1983 il perdit pour la première fois son titre, battu par Patrick Renversé, titre qu’il reprit par la suite.

Un jeu révolutionnaire

On disait qu’il était tombé tout petit dans la marmite du tennis de table, à la manière d’Obélix. Son père directeur d’école dans un village du Pas-de-Calais, avait monté un club, enseignant à son fils de bons principes de jeu et de vie sportive. Le fait que ce père avait pratiqué la gymnastique tandis que sa mère avait pratiqué la danse n’est sans doute pas étranger à ce qu’on a appelé les dons de ce champion. Interviewé lors de ses 70 ans, il disait ne craindre ni l’avenir ni la mort. Ayant déjà écrit plusieurs livres, dont Un enfant de la balle il y a une quinzaine d’années, il envisageait d’en écrire d’autres. « Un homme qui n’a pas de projets est un homme mort », disait-il. Il y a déjà des salles de sport qui portent son nom. À Lesquin, les élus ont donné le nom de Secrétin à une rue. Il y en aura sans doute bien d’autres si l’on en juge par l’émotion suscitée par sa disparition dans le monde entier.

(Photo : © Magnussen, Friedrich)