Lorsqu’il avait à peine 11 ans, Rudy Gobert, pivot de la NBA et de l’équipe de France, a effectué ses premiers paniers dans les salles de Saint-Quentin. « Gobzilla », comme on le surnomme outre-Atlantique, a ensuite posé ses valises à Cholet où il a effectué ses débuts professionnels avant de s’en- voler pour les États-Unis où il touche depuis 2021 un salaire de 33,44 millions d’euros par an. Le triple « meilleur défenseur de l’année » du championnat américain reste « juste un enfant de Saint-Quentin », comme il aime à le rappeler. Il rentre tous les ans dans sa ville natale, où vit encore sa mère, et organise depuis 2015 avec la ville et le club un camp d’entraînement destiné aux jeunes de 10 à 17 ans. Mais comment un tel phénomène a pu émerger ? La sous-préfecture de l’Aisne est avant tout une commune de sport. Avec ses 125 clubs et associations et près de 13 000 licenciés pour environ 60 000 habitants, elle est nommée « ville la plus sportive de France », en 2011, par le journal l’Équipe. En tête de gondole, le SQBB (Saint-Quentin Basket-Ball), actuellement premier de saison régulière au deuxième échelon national, qui est en lice pour un retour en Pro A. « Le basket est un sport de ville moyenne et la popularité installée par la grande époque de la fin des années 80 et début 90, n’est jamais partie très loin malgré les descentes », explique le président Laurent Prache.
Un sport vissé au coeur
Administrateur du club depuis 2007, puis président dès 2018, Laurent Prache hérite d’une structure fragilisée par des dettes conséquentes et des affaires extra-sportives. « Pour un budget de 1,5 million d’euros, nous avions 300 000 euros de dettes et notre réputation était entachée au point que certains de nos partenaires voulaient quitter le bateau, rappelle le dirigeant, mais la montée surprise en ProB nous a sauvés. » En trois années passées dans l’antichambre de l’élite, les quarts de finale d’accession ont été atteints par deux fois, sans succès. Mais cette saison, marquée par les cinquante ans de la création du club, sera peut être la bonne pour les hommes de Julien Mahé. Avec deux victoires d’avance sur leurs poursuivants, et ce, malgré un budget deux fois moins élevé que Boulazac ou Chalon-sur Saône, principaux prétendants à la montée, ils sont premiers à onze rencontres de la fin. « Notre objectif était de se mettre en sécurité, avoue le président. Maintenant on est premier, synonyme de montée directe sans passer par les play-offs. Si on ne se préparait pas à une montée et qu’elle advienne, ce serait catastrophique. »