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Le Véloroute de la Mémoire

par PIERRE GAUYAT
Publié le 19 juillet 2019 à 16:58

Pas toujours nécessaire d’aller bien loin pour être dépaysé. La Véloroute de la Mémoire, quatre-vingt-dix kilomètres d’Arras à Amiens, peut illustrer ce propos. Cette sortie permet d’allier sport et culture dans un paysage rural et verdoyant. Le parcours est sans difficulté majeure si vous êtes entraîné et équipé d’un bon vélo.

Le mieux est de partir de Dainville, sur la N25 en direction de Doullens, où l’on trouve à se garer plus facilement, pour ceux qui viendraient en voiture. La Véloroute de la Mémoire est indiquée, il suffit de suivre les panneaux verts portant le n° 32. La première partie du voyage se déroule sur le tracé d’une ancienne voie de chemin de fer qui a été goudronnée et qui mène, au bout de douze de kilomètres, à la D8 que l’on va suivre sur une tren- taine de kilomètres en direction d’Achiet-le-Petit en passant par Pommier et Bucquoy, à travers un paysage agreste et paisible, le long d’une route départementale tranquille où passent plus de tracteurs que de voitures.

À Achiet-le-Petit, on se trouve à l’entrée de la vallée de l’Ancre. La Véloroute de la Mémoire doit son nom à cette partie du trajet car elle traverse les champs de bataille de la Grande Guerre, en particulier ceux de la bataille de la Somme déclenchée le 1er juillet 1916, le jour le plus sanglant de l’histoire de l’armée britannique avec vingt mille sol- dats tués. Avant d’arriver à la Tour d’Ulster, reproduction d’un monument de Belfast, qui rend hommage aux soldats irlandais tués lors de la bataille de la Somme, une belle côte attend le cycliste. La seule difficulté. Ensuite, la route conduit à l’imposant Mémorial franco-britannique de Thiepval qui domine la vallée de l’Ancre et qui rappelle le sacrifice de deux cent mille soldats britanniques et cent trente mille soldats français.

Puis, on descend en pente douce en direction d’Albert, jolie ville traversée par l’Ancre, berceau de l’aéronautique française ; on fabrique toujours les « nez » des Airbus à l’usine de Méaulte, située tout à côté. La cité a été largement détruite pen- dant la Grande Guerre comme en témoigne la Vierge à l’Enfant, la statue dorée qui orne le sommet de la basilique, qui s’est retrouvée dans un équilibre périlleux après les bombardements de 1915. Elle est aujourd’hui rétablie dans sa dignité et veille sur l’entrée du musée « Somme 1916 », conjointement à deux canons et trois statues de soldats du Commonwealth, un Britannique coiffé de son Brodie, un Écossais avec kilt et cornemuse et un digger australien avec son chapeau de feutre au bord relevé, qui rappellent l’engagement de la Grande-Bretagne et de ses colonies en 14-18.

Jusqu’à Saint-Valéry

La route continue à serpenter le long de la vallée de l’Ancre au gré de la D52 qui débouche à Corbie, elle aussi ville martyre de la Première Guerre mondiale, dont on peut encore admirer l’imposante abbatiale Saint-Pierre ainsi que l’hô- tel de ville, magnifique château en briques du XIX e siècle. À la sortie de la ville, après avoir passé la Somme par le pont-écluse sur la route de Fouilloy, si on se sent d’humeur historienne, on peut pousser jusqu’au mémorial et au cimetière australiens de Villers-Bretonneux qui dominent la vallée de la Somme où est célébré chaque année l’ANZAC Day qui rend hommage aux sol- dats australiens et néozélandais tués durant la guerre, particulièrement sur ces terres sanglantes de la Somme. Un centre d’interprétation rappe- lant l’engagement de l’Australie dans la Grande Tous les charmes de la Somme à la fin du parcours. Guerre a récemment ouvert derrière le monument sommital.

Nous voilà à présent au bord de la Somme, à une vingtaine de kilomètres de la capitale picarde. Un chemin en terre longe le fleuve à l’ombre des arbres et nous mène tranquillement jusqu’à Amiens en passant Camon et les fameux hor- tillonnages, qui contribuent tant au charme de la ville. Arrivé au quartier Saint-Leu, le cycliste peut pousser jusqu’à la cathédrale et à la tour Perret, du nom de son concepteur, en face de la gare, qui dominent les toits de la cité.

La vallée de la Somme se parcourt également à vélo depuis Corbie jusqu’à Péronne, à une quarantaine de kilomètres vers l’est, et se poursuit après Amiens jusqu’à Saint-Valéry-sur-Somme et la baie de Somme, le long de la Véloroute n° 30. Le retour à Arras peut se faire à vélo, pour les plus courageux. Sinon par le train, qui est direct. On peut aussi commencer à vélo et enchaîner par le train car de nombreuses gares jalonnent le parcours.