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Cyclisme

Les Belges voient la vie en jaune

par ERIC CARON
Publié le 28 février 2019 à 14:48 Mise à jour le 11 avril 2019

En cette année du cinquantenaire de la première victoire d’Eddy Merckx dans le Tour de France et du centenaire du maillot jaune, les Belges vont chercher à briller dès samedi 2 mars, dans le Circuit Het Nieuwsblad.

Le 21 juillet 1969, Neil Armstrong met le pied gauche sur le sol lunaire. Le même jour, un autre héros entrait dans l’histoire : Eddy Merckx remportait son premier Tour de France, devant une foule toute acquise à sa cause, venue en nombre depuis Bruxelles. Cela faisait trente ans et un certain Sylvère Maes qu’un Belge n’avait pas remporté la Grande Boucle.
Déjà élevé au rang de champion grâce à des victoires – Tour d’Italie, championnat du monde, Paris-Nice, Paris-Roubaix, Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège et trois Milan-San Remo – acquises les années précédentes et en début de saison, le natif de Meensel-Kiezegem, dans le Brabant flamand, devient alors un campionissimo et se transformera, douze mois plus tard, en « Cannibale », surnom que lui a octroyé Christian Raymond, équipier de Bernard Thévenet à l’époque.

Maillot porté par Eddy Merckx lors de l’étape Roubaix - Woluwé-Saint-Pierre, la première du Tour 69.

C’est ce champion hors norme, titulaire du plus beau palmarès de l’histoire du cyclisme, qui sera mis à l’honneur, le 6 juillet prochain, lors du départ à Bruxelles du Tour de France 2019, cinquante ans après son premier succès.
Double honneur puisqu’à cette occasion, seront également fêtés les cent ans du premier maillot jaune, tunique dont Eddy Merckx est le détenteur le plus titré avec cent onze maillots portés entre 1969 et 1975, pour cinq victoires finales.

La saison cycliste s’ouvre en Belgique

De ce fait, les coureurs belges seront nombreux à vouloir se mettre en exergue tout au long d’une année au cours de laquelle leur pays sera sous les feux des projecteurs.
Cela commencera ce samedi 2 mars avec l’ouverture de la saison cycliste en Belgique et le traditionnel Circuit Het Nieuwsblad, du nom du journal organisateur. Cette course en est à sa 74e édition. Merckx l’a remportée en 1971 et en 1973. La course partira de Gand et s’achèvera au centre de Ninove. Treize monts des Flandres sont au programme dont certains recouverts de pavés. Ceux qui « jouent à domicile » ne voudront pas rater ce premier grand rendez-vous. En premier lieu, le champion olympique de Rio Greg Van Avermaet. Le coureur de Lokeren a déjà remporté la course à deux reprises, en 2016 et 2017, à chaque fois devant Peter Sagan dont il est un peu la bête noire. Son changement d’équipe ne devrait pas avoir trop d’incidence, au regard d’une première victoire décrochée le 8 février en Espagne.
Il devra faire face à l’opposition très affûtée de l’équipe Deceuninck-Quick Step, déjà victorieuse à dix reprises depuis le début de la saison et dont le chef de file ne sera autre que Philippe Gilbert, l’autre « pilier » actuel du cyclisme belge. Le coureur, natif de Verviers, a remporté l’épreuve en 2006 et 2008 et a déjà, lui aussi, levé les bras en ce début de saison. C’était le 16 février dernier lors de la 3e étape du Tour de Provence. Il pourra compter sur un fort soutien d’une équipe au sein de laquelle Yves Lampaert, actuel champion de Belgique, pourrait jouer les trouble-fête.

Greg Van Avermaet, maillot jaune durant le dernier Tour de France – ici lors du passage à Orchies –, devrait encore faire parler de lui toute la saison.

Parmi les autres coureurs locaux pouvant s’illustrer, citons Sep Van Marcke, déjà vainqueur en 2012 mais bien souvent malchanceux, Tiesj Benoot et Jens Keukeleire, leaders de Lotto Soudal, l’autre équipe belge émargeant à la « première division » cycliste qu’est le World Tour. On peut également compter sur Oliver Naesen, Jürgen Roelandts ou encore Jasper Stuyven, tous trois désignés leaders pour cette course, au sein d’équipes non belges. Ou encore sur les animateurs permanents que sont les coureurs des équipes dites continentales, soit d’une division inférieure mais véritables lieux de formation.
Même si certains seront présents samedi à Gand, il faudra certainement attendre plus tard dans la saison pour voir s’exprimer en toute confiance les spécialistes des « Ardennaises » (Liège-Bastogne-Liège et la Flèche Wallonne en particulier). On y attendra la confirmation du talent de Tim Wellens et de Dylan Teuns, tous deux promis aux plus grands succès sur les parcours vallonnés.

Une première saison pro pour le « futur Merckx »

Du temps, c’est ce qu’il faudra à la nouvelle pépite du cyclisme belge, Remco Evenepoel, avant de faire la démonstration de tout son talent. Ce (très) jeune cycliste de dix-neuf ans vient de passer professionnel au sein de l’équipe Deceuninck Quick Step, avec une pancarte de « futur Merckx » dans le dos.
Initialement footballeur – il a commencé au RSC Anderlecht puis a poursuivi au PSV Eindhoven et au KV Malines – il choisit de s’orienter vers le cyclisme en cours d’année 2017. Deux mois après ses débuts, première victoire au palmarès du natif de Schepdael, dans le Brabant Flamand. Sa première saison s’achève avec sept victoires au total.
L’année 2018 a été celle de la consécration pour le jeune prodige, toujours chez les juniors. Il remporte des épreuves comme la Course de la Paix, Kuurne-Bruxelles-Kuurne ou encore le Chrono des Nations. Il fait surtout sensation en devenant champion du monde juniors sur route et contre la montre (idem aux niveaux européen et national).
Son parcours va être scruté scrupuleusement par les spécialistes mais aussi par le grand public.
Ils sont quelques-uns à avoir porté l’étiquette de « nouveau Merckx ». On pense à Fons Dewolf et Daniel Willems dans les années 1980 et à Frank Vandenbroucke à la fin des années 1990. Mais à ce jour, aucun n’a pu répondre aux nombreuses attentes, par exemple celle de succéder au Cannibale au palmarès du Tour de France. Lourd héritage qui attend Remco Evenepoel !

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