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Violaine Vanoyeke

Les moniteurs-prédateurs et les violences dans le sport

par Philippe Allienne
Publié le 28 février 2020 à 18:59

Connue pour ses ouvrages sur l’Antiquité et plus particulièrement sur l’Égypte des pharaons, Violaine Vanoyeke s’intéresse également au sport. Entre 2015 et 2017, sur la radio IDFM, elle a notamment consacré plusieurs chroniques à la violence dans le sport, particulièrement dans le tennis féminin. Témoignage.

« Comment faire un bon sportif d’un enfant que l’on traite durement à l’entraînement ? » C’est la question que pose encore l’écrivaine nordiste Violaine Vanoyeke. Cette question, elle se l’était posée il y a quelques années en rencontrant des enfants traités de façon très martiale par leurs entraîneurs. « J’ai vu des enfants cassés dans tous les sens du terme. Certains blessés au point d’être privés d’activité sportive toute leur vie. D’autres traumatisés après des violences psychologiques. Ils ne communiquaient plus et leurs résultats scolaires étaient en berne. »

Promesse d’en faire des champions

Pour la radio IDFM, elle a réalisé des émissions sur ce qu’elle nomme les « moniteurs-prédateurs ». Ces derniers, raconte-t-elle, « repéraient de bons éléments motivés dans d’autres clubs. Ils les “ volaient ” à leurs professeurs qu’ils dénigraient. Ils s’inventaient des titres en se disant spécialisés dans le mental des sportifs ».

Cela ne s’arrêtait pas là. Les « moniteurs-prédateurs » promettaient aux parents de faire de leur enfant un champion. « Ils avaient à la fois une mainmise sur les enfants et sur les parents. Cela pouvait aller jusqu’à la déscolarisation de l’enfant qu’ils surentrainaient. » Mais l’illusion s’arrêtait souvent aux moyens. Les tarifs augmentaient, le coût des déplacements n’était pas supportable par les familles. Les enfants restaient alors sur le bord de la route, dans un état dépressif, obligés de renoncer à leur rêve. Cela pouvait aller jusqu’à des tentatives de suicide.

Violaine Vanoyeke parle de « rapports dévoyés », de « manipulateurs » et de « pervers narcissiques  ». On comprend dès lors la machine qui se met, ou qui se mettait, en marche dès lors qu’un jeune de 12 à 13 ans faisait confiance à 100 % à son entraîneur. Les violences physiques (qui leurs sont imposées mais que l’on retrouve aussi entre eux) et les violences psychologiques peuvent aussi devenir des violences sexuelles telles que celles qui ont été récemment dénoncées. L’écrivaine s’est du reste penchée sur les discrimination envers les filles, les abus dans le tennis féminin et les « comportements inadmissibles et ambigus de moniteurs beaucoup plus âgés qu’elles ».

Aide aux victimes : 116 006

Le Crops de Wattignies, que l’écrivaine a invité dans ses émissions, peut être de bon conseil. Il propose notamment des lieux où parents et enfants peuvent s’exprimer. Un numéro vert avait d’autre part été mis en place en 2008, grâce à un partenariat avec le secrétariat d’État aux Sports. Le ministère n’a pas renouvelé ce partenariat. En revanche, les victimes de violences sexuelles (mineures comme adultes) peuvent désormais contacter le 116 006.

Aujourd’hui, de nouvelles pédagogies sont pro- posées pour les jeunes. La nouvelle génération de moniteurs est également mieux formée que leurs aînés. Quant à ces derniers, dans le domaine du tennis, ils peuvent compléter et parfaire leur formation grâce au Club fédéral de la Fédération française de tennis. « Seuls 2 % acceptent de le faire », déplore Violaine Vanoyeke.

Vient de paraître : Les premiers Jeux olympiques, illustré de 250 photos, Violaine Vanoyeke, éd. Sutton.