Jeune retraité de l’Éducation nationale, Francis Taquet a mis à profit son temps libre pour se plonger dans de vieux numéros de la presse sportive, de Miroir des Sports à L’Auto. De ces pérégrinations archivistiques est né cet ouvrage. Le journaliste Gilbert Hocq s’était déjà penché sur le sujet, « mais il s’était concentré sur le déroulement des étapes, moi je souhaitais accorder davantage d’attentions aux à-côtés, aux anecdotes, aux situations cocasses », souligne Francis Taquet.
Une passion précoce
Originaire de l’Avesnois, il s’est pris de passion pour cette discipline dès son plus jeune âge en suivant la classique Paris-Bruxelles qui passait près de chez lui. « C’était magique de voir les coureurs en couleurs une fois par an alors que d’ordinaire je devais me contenter de la télé en noir et blanc », se souvient-il. Son récit débute en 1906 lorsque la Grande Boucle, née trois ans plus tôt, met enfin le cap au Nord. Il s’achève en 1938. Pour quelle raison ? « C’est la dernière fois avant la guerre qu’elle se déroulait chez nous. Henri Desgrange, son organisateur à la tête du journal L’Auto, avait décidé de faire passer cette épreuve dans le Nord tous les deux ans en alternance avec l’Ouest. En 1939, il n’y a donc pas eu d’étapes dans notre région. Le Tour n’y reviendra qu’en 1947 », poursuit l’auteur.
Une autre époque
Cet ouvrage richement illustré regorge donc d’anecdotes. « En 1906, l’étape Paris-Lille devait se terminer à la citadelle. Or, un arrêté préfectoral interdisait ce type de manifestation au bois de la Deûle, promenade favorite des Lillois. Aussi la course a-t-elle été détournée à la dernière minute vers Lambersart au grand dam des coureurs qui avaient pris soin de repérer les lieux », précise-t-il. Si certains cyclistes quasi professionnels bénéficient du soutien matériel et logistique d’un constructeur, d’autres sont contraints de se débrouiller seuls. « C’était le cas de Jules Deloffre originaire du Cateau. À chaque arrivée, il faisait des tours d’équilibriste pour gagner un peu d’argent. Au début, chacun roulait pour soi. Les formations régionales et nationales n’apparaîtront que dans les années 1930 », explique Francis Taquet qui rappelle que « les étapes pouvaient dépasser les 400 kilomètres, les départs étaient d’ailleurs souvent donnés de nuit ». Un champion comme Laurent Desbiens « s’est dit impressionné par les distances parcourues à l’époque ». Quant à l’internationalisation du peloton, elle était encore loin d’être à l’ordre du jour. Des Australiens ou des Yougoslaves s’y sont bien risqués, « mais sans succès, étant insuffisamment préparés ». Francis Taquet travaille sur un second tome (1947-1977) riche en témoignages (Jan Janssens, Cyril Guimard, Raymond Poulidor, etc.) et préfacé par Bernard Thévenet, vainqueur en 1977. Il compte le publier avant le départ du Tour 2022.
L’auteur dédicacera son ouvrage le samedi 22 janvier à partir de 15 heures au Furet du Nord à Arras.