Le Paris-Roubaix fait son grand retour ce dimanche 3 octobre après avoir été reporté du printemps à l’automne 2020, puis annulé en raison de la situation sanitaire. Parions que « la Reine des classiques » va encore attirer les foules cette année et qu’elle survivra à ces aléas de calendrier comme elle a survécu à deux guerres et à de nombreuses difficultés tout au long de ses 117 éditions, depuis son premier départ le dimanche de Pâques 1896, de la porte Maillot, à Paris. Lors de cette première édition, une cinquantaine de coureurs mettent le cap sur le vélodrome de Roubaix, à plus de 280 kilomètres, par Beauvais, Amiens, Arras, Seclin, Hem, sur des route encore largement pavées ou non revêtues. Après avoir été interrompue par la guerre qui a ravagé la région, la course revient en 1919 en évitant le bassin minier tant les destructions qu’il a subies interdisent toute activité cycliste. C’est ce paysage chaotique qui inspirera au journaliste Victor Breyer la célèbre formule, « l’Enfer du Nord », qui qualifiera bien vite l’ensemble de la course tant l’épreuve est éprouvante pour les hommes et le matériel, surtout par temps de pluie qui transforme les secteurs pavés, souvent en plein champ, en piège boueux et glissant. L’entre-deux-guerres est largement dominé par les coureurs belges qui s’imposent dans 15 des 21 éditions de 1919 à 1939, alors que les Français régnaient en maîtres avant la Grande Guerre. L’Occupation va mettre un terme à la course qui pourra cependant reprendre dès 1943. Le départ a lieu à Saint-Denis, au nord de Paris, fief du chef collabo Jacques Doriot, et y restera jusqu’en 1965 avant qu’il migre, en 1966, en Picardie, à Chantilly, à 50 kilomètres de Paris, puis en 1977, à Compiègne, à 85 kilomètres de la capitale, d’où le départ est toujours donné de nos jours.
Les secteurs pavés, une spécificité du Paris-Roubaix
Si le parcours s’est déplacé vers le nord, la course n’a pas changé de nom ni perdu de kilomètres et continue de faire 250 kilomètres. De même, les secteurs pavés se faisant plus rares au fil des ans du fait de la macadamisation des grands axes, il a fallu que les organisateurs trouvent d’autres routes. Le Paris-Roubaix, qui ralliait à l’origine des villes importantes, a dû emprunter un parcours plus sinueux et situé plus à l’est. Les secteurs pavés n’ont pas disparu pour autant, sur les 150 derniers kilomètres de l’épreuve, ils sont présents sur un tiers du parcours avec le secteur de Troisvilles à Inchy dans le Cambrésis ou avec la célèbre trouée d’Arenberg, longue de 2 400 mètres où les pavés sont particulièrement traîtres. Autres secteurs redoutés, les trois kilomètres de Mons-en-Pévèle ou le Carrefour de l’Arbre, à Gruson, véritable juge de paix de la course, à 15 kilomètres du vélodrome de Roubaix. Le palmarès de « la plus belle des classiques » compte de nombreux coureurs prestigieux comme le Franco-Italien Maurice Garin, vainqueur de la seconde et de la troisième édition, qui passa la plus grande partie de sa vie à Lens ; le Français Octave Lapize, triple vainqueur de 1909 à 1911 ; l’Italien Francesco Moser ou le Belge Eddy Merckx dans les années 1970 ou encore le Français Gilbert Duclos-Lassalle, deux fois vainqueur en 1992 et 1993. Si les Belges continuent de dominer l’épreuve, des coureurs de toutes nationalités parviennent à franchir en tête la ligne d’arrivée au vélodrome de Roubaix comme le Suisse Fabian Cancellara, triple vainqueur en 2006, 2010 et 2013, l’Australien Mathew Hayman en 2016, ou le Slovaque Peter Sagan en 2018. Le dernier Français à avoir emporté la course est Frédéric Guesdon… en 1997.
Bibliographie : Pascal Sergent, Chronique d’une légende : Paris-Roubaix, 2 tomes, édition du Véloclub de Roubaix, 1989 et 1991.