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Jacques Accambray a remporté cinq titres de champion de France. © Luc Vollard/Collection privée Jacques Accambray
Star du lancer du marteau dans les années 1970

Jacques Accambray, un Bruaysien chez les Yankees

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 29 juillet 2022 à 15:12 Mise à jour le 1er août 2022

Les championnats du monde d’athlétisme qui se terminaient ce dimanche à Eugene dans l’Oregon [1], nous offrent de revenir sur la carrière de Jacques Accambray. Ce Bruaysien comptait, dans les années 1970, parmi les meilleurs lanceurs de marteau au monde. Il était surtout le plus « américain » des champions de l’Hexagone.

Originaire de Haute-Savoie, Charles Bacque, son grand-père maternel, s’était installé à Divion, dans l’entre-deux-guerres, avant d’exercer comme chef-porion pour les Houillères. Son grand-père paternel, Achille-Paul Accambray, mineur de fond, est mort de silicose. Jacques Accambray, né en mai 1950 à Divion, a naturellement baigné dans l’univers de la mine d’autant que son père Paul a lui aussi travaillé comme houilleur à la fosse 6 d’Haillicourt. De sa jeunesse divionnaise, Jacques Accambray garde peu de souvenirs puisque ses parents ont rapidement déménagé à Bruay-en-Artois (aujourd’hui Bruay-La-Buissière).

Études universitaires aux États-Unis

Très tôt, il tape dans l’œil expert de Jacques Warot, la figure emblématique du Sport ouvrier bruaysien (SOB). L’adolescent découvre alors le lancer du marteau sous la houlette d’Henri Vasseur, son entraîneur. Il excelle dans cette discipline au point de battre le record du monde junior à Sochaux, avec un lancer à 68,24 mètres. Nous sommes le 31 mai 1969. Ce « joli bébé » de 19 ans mesure 1,93 mètres et pèse 104 kilos. Après des études à l’Institut national des sports de Vincennes et l’obtention du bac « philo » à l’été 1969, il s’envole pour les États-Unis afin d’y entamer un cursus universitaire dans l’Ohio.

Un riche palmarès

Quatre ans plus tard, il en sort major, un «  bachelor of business administration  » (spécialité marketing) en poche. Ilexercera par la suite en qualité d’ingénieur technico-commercial dans l’industrie des terrains de sport. Sous les couleurs du SOB jusqu’en 1971, il poursuit en parallèle à ses études une brillante carrière de lanceur de marteau. Cette année-là à Seattle, Jacques Accambray bat, lors d’un championnat universitaire, le record de France de Guy Husson avec un jet à 69,44 mètres. « On a dit alors que j’avais franchi le mur d’Husson » plaisante t-il. Un temps fort d’une carrière auréolée de cinq titres de champion de France, 56 sélections en équipe nationale et surtout de deux participations aux Jeux olympiques. Demi-finaliste à Munich en 1972, il se dit « terriblement marqué » par l’attentat qui frappe alors la délégation israélienne. Quatre ans plus tard, il termine neuvième aux Jeux de Montréal. De retour en France, il gagne la région parisienne. Ce séjour en Amérique du Nord laissera pourtant des traces. « Quand je suis rentré, mes parents sont venus me chercher à l’aéroport d’Orly. Ils ne m’ont pas reconnu, car j’étais habillé comme un hippie », rigole l’athlète qui fondera la Fédération française de football américain, une discipline qu’il aura découverte outre-Atlantique. Il en assumera la présidence de 1985 à 1997.

Fier de ses racines

Habitant désormais dans le Gard, il reste profondément attaché au Pas-de-Calais. « Je ne renie pas mes racines ! » souligne-t-il, nostalgique « de [ses] vacances à Berck et des cornets d’amour dont je me régalais ». Et aussi des virées avec ses potes du SOB dans les cafés du Bruaysis, « chez Zaza et chez Hélène ». Ou encore de ses soirées dansantes « au Relais de la Diligence à Hesdigneul avec les frères Lech, des footballeurs qui ont joué à Lens ». Une autre époque assurément ! En 1980, Jacques Accambray épousait Isabelle Reynaud, championne de France du lancer du disque. Elle lui a donné trois enfants dont William, champion olympique de handball à Londres en 2012 ! Comme le prétend l’adage, « les chiens ne font pas des chats »...

Jacques Accambray (à gauche) de retour à Bruay avec Philippe Stroinski, un ancien du club, qui lui remet une lampe de mineur.
© Philippe Stroinski

Notes :

[1Avec une seule breloque à son actif (l’or de Kevin Mayer au décathlon), la France termine cette compétition à la 22e place, derrière Grenade ou l’Ouganda... Quant au titre du lancer du marteau, il a été remporté par le Polonais Pawel Fajdek avec un jet à 81,89 mètres.