À la découverte du métier d’apiculteur

par Ousmane Mbaye
Publié le 31 juillet 2020 à 15:01

En 2018, ils étaient un peu plus de 2 600 apiculteurs dans les Hauts-de-France, dont 99 professionnels, soit plus de 36 000 ruches réparties dans toute la région. En cette période estivale, Jérôme Dieusaert, apiculteur-récoltant à Wallon-Cappel, nous fait découvrir son métier et tire le bilan de sa saison achevée le 20 juillet dernier.

« On est avant tout des éleveurs d’abeilles », c’est avec humilité que Jérôme Dieusaert décrit son activité. Dans le « métier » depuis 2018, cet ancien conducteur de travaux en espaces verts de 37 ans possède aujourd’hui 250 ruches. Dans sa miellerie de Wallon-Cappel, où il nous accueille, certains éléments intriguent tout de suite, comme cette table à désoperculer. « Cette table sert à préparer l’extraction du miel, avec le grand couteau, on coupe la fine pellicule de cire construite par les abeilles » explique Jérôme Dieusaert. Lorsque cette étape est finie, les cadres remplis de miel sont versés dans l’extracteur, c’est durant cette période que les alvéoles, et donc le miel, vont être libérées. Mais ce n’est pas tout, il faut encore que celui-ci « mature » une demi-journée. Puis le miel va dans le maturateur et les déchets remontent à la surface. Nettoyé de toute ses impuretés, le miel est ensuite mis en seau et stocké dans la chambre froide, située à l’arrière-boutique, à une température de 15 °C.

Extraction du miel sur un rayon.
© DR

Du miel 100 % local

Lorsqu’il a de la demande en miel, Jérôme Dieusaert « décristallise » la veille le miel stocké en chambre froide. « Je place le miel en étuve. Lors du brassage, on tourne le miel doucement pour casser les molécules de cristallisation et le rendre crémeux. » Le processus dure une journée. Le lendemain, le miel est mis dans un entonnoir pour être récupéré. Avec une pompe doseuse qui remplit au gramme près les pots, le miel est presque prêt à la vente. Jérôme Dieuseart doit encore étiqueter ses pots de 1 kg, 400 g et 250 g avant de pouvoir les distribuer dans les magasins partenaires.« Mes ruches sont sédentaires et restent ici. Dans la région, il n’y a pas de forêts d’acacia ni de tilleul. Je ne peux donc pas produire ces variétés de miel. Mon état de santé ne me permets pas non plus de transhumer mes ruches dans d’autres secteurs comme certains de mes collègues. » L’apiculteur produit donc du miel de printemps, miel d’aubépine (récolté en juin) et miel de fleurs d’été (récolté en juillet) 100 % local. Il connaît donc des périodes que l’on nomme dans le jargon « trous de miellée ». Ceux-ci sont causés par l’absence de fleurs et l’impossibilité pour les abeilles de récupérer le nectar indispensable à la production de miel.

D’avril à fin juillet, l’apiculteur n’accueille personne dans sa miellerie. « De mi-mars à septembre, on n’a pas de vie sociale, pas de vacances. On travaille les dimanches et jours fériés » glisse-t-il. Les journées se suivent mais ne se ressemblent pas. Jérôme Dieusart assure ne pas voir le temps passer au travail et a conscience d’être privilégié en travaillant au contact de la nature. « La partie la plus plaisante de mon travail est d’aller visiter les ruches d’abeilles. » Lors de ses visites dans les ruches, Jérôme Dieusaert s’occupe de maintenir les colonies en forme afin qu’elles puissent butiner et ramener le miel. Il procède au comptage du varroa, un acarien qui se met sur les abeilles et lui transmet une maladie du même nom, la varroase, véritable« bête noire » de l’apiculteur. En effet, cette maladie crée des déformations ou atrophies des ailes des abeilles qui ne peuvent plus butiner.

Grâce au comptage, Jérôme Dieusaert estime de quelle manière la ruche a été infestée. Il installe ensuite deux lanières (hors période de miellée) dans les ruches contaminées. Un produit acheté en pharmacie va être diffusé de manière douce dans les ruches, son action va tuer le varroa sans mettre en danger les abeilles. Pendant douze semaines, des contrôles réguliers sont effectués pour voir si tout a bien fonctionné. « Si on ne fait pas ça, les ruches vont mourir » signale l’apiculteur. Une fois toutes ces étapes effectuées, il faut aussi croiser les doigts pour que la météo soit bonne. « Si le temps n’est pas bon, pas de miellée » affirme Jérôme Dieusaert. Et cette année, la météo a été plutôt capricieuse. Sur le mois de juillet, il y a eu seulement quatre jour de « bon temps ». Or, les fleurs fabriquent du nectar à partir d’une température de 18 ou 19 °C selon les variétés florales.

Un travail saisonnier soumis aux conditions météorologiques

À l’heure de dresser le bilan de la saison d’activité, Jérôme Dieusaert est donc mitigé. « Je suis très content de la saison, surtout sur la miellée de printemps qui a très bien fonctionné. Un peu déçu par celle d’été. » Côté vente, durant le confinement, la population a eu tendance à consommer local. Dans les boutiques qui distribuent ses produits, les ventes de miel ont donc très bien marché. « J’ai très vite été en rupture de stock » précise Jérôme Dieusaert. « Le fait de produire local aide à la vente, les gens aiment les choses produites à côté de chez eux. » L’apiculteur se montre également fier de « travailler avec des chefs cuisiniers et boutiques qui savent valoriser le miel ». « La reconnaissance est valorisante, quand des clients viennent me dire “qu’est- qu’il est bon votre miel !” ça fait vraiment plaisir » lance avec un grand sourire Jérôme Dieusaert.