Somme

Hortillonnages Amiens : un festival pour 29 jardins et un patrimoine d’exception

Publié le 24 juillet 2020 à 16:20 Mise à jour le 29 juillet 2020

Ouverte depuis le 14 juillet, la 11ème édition du festival international de jardins/hortillonnages Amiens accueille le public jusqu’au 18 octobre. Un régal pour les yeux et un parcours exceptionnel pour les amoureux des arts et de la nature.

Les hortillonnages, à Amiens, ce sont 300 hectares de jardins flot- tants, sur d’anciens marais, à l’est de la ville et sur les territoires des communes de Camon et Rivery. C’est une partie essentielle du patrimoine régional et local. En picard, on prononcera « ches hortillonnaches Anmiens ». Dès le Moyen Âge, on y a pratiqué la culture maraîchère. D’ailleurs, un « hortillon », en langue picarde, désigne un maraîcher. Il emprunte au latin « hortellus » signifiant « petit jardin ».

« Roques », Atelier Faber, création 2020, étang de Clermont
© Atelier Faber

Défense du patrimoine et soutien à la jeune création

S’ils ne sont plus aujourd’hui que quelques hortillons à cultiver des poireaux, choux et autres carottes pour les vendre sur le marché sur l’eau, dans le quartier de Saint-Leu, les autres parcelles se sont transformées en jardins d’agrément pour les Amiénois.En créant, en 2010, le festival international de jardins/hortillonnages Amiens, Gilbert Fillinger, alors directeur de la Maison de la culture d’Amiens, voulait à la fois défendre le patrimoine des hortillonnages et soutenir la jeune création paysagère et artistique dans ce site naturel d’exception. Au fil des années, ce festival s’est enrichi et a été repris par Arts et Jardins / Hauts-de-France dirigé par le même Gilbert Fillinger. Ce dernier entend placer cette édition sous le signe du changement climatique et du manger sain. Jusqu’au 18 octobre, les visiteurs découvriront 29 jardins, 23 installations plastiques et un nouveau ponton d’accueil flottant, œuvre d’Alexis Deconinck, sur le site du Port à Fumier, à Camon. Les jardins et les installations sont disposés sur des îlots et forment un parcours poétique qui invite le public et les habitants à poser un regard décalé, drôle ou critique, inédit, sur cet environnement complexe, son histoire et son devenir. « Le parcours qui est proposé, affirment les organisateurs, offre aussi une découverte en itinérance douce qui permet de questionner les liens entre nature, culture, agriculture et patrimoine en regard des nombreuses incidences provoquées par le changement climatique. »

« Le banquet cornélien », création 2020, étang de Clermont.
© Guillaume Besnier

Le œuvres artistiques sont réparties entre les parcelles situées sur l’étang de Clermont à Camon et à Rivery et sur l’île aux Fagots à Amiens. « Elles intègrent pleinement, dans leur réflexion et dans leur conception, les problématiques contemporaines du développement durable et les évolutions des enjeux environnementaux, à savoir la préservation de l’éco-système, la fragilisation des berges, la ressource en eau, l’activité nourricière et la qualité de l’alimentation », développe Gilbert Fillinger. Au fil des dix éditions précédentes, 150 œuvres ont été réalisées par 245 paysagistes, plasticiens et architectes. Elles ont été vues par plus de 400 000 visiteurs. La philosophie du festival vise à une reconquête, à une valorisation et une pérennisation de ce patrimoine vert. Les organisateurs affichent par ailleurs leur volonté de participer à l’économie solidaire par la distribution de produits maraîchers. Ajoutons à cela une démarche d’intégration sociale à travers un chantier d’insertion dédié à l’entretien des jardins. L’accueil est quant à lui assuré par des volontaires en service civique.

Des œuvres qui intègrent le développement durable

Parmi les installations, on appréciera « Le banquet cornélien » créé par le paysagiste Guillaume Besnier de l’Atelier du Dehors. Il est placé au cœur des hortillonnages, dans un jardin octogonal. L’auteur a voulu illustrer le dilemme auquel l’humanité est aujourd’hui confrontée : poursuivre l’usage des énergies fossiles ou le diminuer drastiquement au détriment du fonctionnement de notre société.Plus loin, sur l’étang de Clermont, le projet « +2°C=43 cm » de l’atelier EEM évoque la bordure, un élément paysager par excellence. La bordure, ici, peut également être la limite entre la terre et l’eau. Mais au lieu d’y voir une notion de séparation entre deux éléments , les auteurs défendent plutôt l’idée d’échange et de richesse que cela implique. Toujours sur l’étang de Clermont, l’atelier Faber présente, sous le nom de « Roques », une installation paysagère proposant une halte contemplative aux visiteurs. Entre poésie et positionnement écologique, elle interpelle le promeneur sur la fragilité de ce milieu et, plus généralement, sur les phénomènes d’artificialisation des sols et de réduction progressive des terres agricoles. Il est impossible ici de citer l’ensemble des œuvres. Relevons encore, sur l’Île aux Fagots, cette culture évolutive d’Anne Houel, simplement intitulée « Cultures ». L’artiste plasticienne s’intéresse à l’évolution des constructions, à leur existence et à leur devenir. Ce faisant, elle pose un regard sur la situation géographique même du site des hortillonnages, implanté au cœur de la ville, et questionne l’intégration du milieu urbain dans le patrimoine naturel.

« Cultures », Anne Houel, création 2020, Île aux Fagot
© Anne Houel
Pour se rendre au Festival :

> À pied : On accède par le chemin de halage à l’Île aux Fagots, puis il faut rejoindre l’Île Robinson et passer par l’étang de Rivery. Entrée libre et gratuite. > En barque : Louez une barque électrique à Camon au Port à fumier, 35, rue Roger-Allou, pour un parcours d’îlot en îlot de 2 h 30. Le parcours est payant sauf pour les moins de 3 ans. Le tarif de location d’une barque varie en fonction du nombre de personnes (six maximum). Pour 1 à 2 personnes : 19 € / 3 à 4 personnes : 24 € / 5 à 6 personnes : 29€.

Plus d’infos sur le déroulement du festival dans le contexte de la crise sanitaire sur https://www.artetjardins-hdf.com/.