© Marc Dubois
Picardie

Plongée au cœur des Hortillonnages d’Amiens

par Reyhan Unlu
Publié le 9 juillet 2021 à 12:58 Mise à jour le 12 juillet 2021

Du 29 mai au 17 octobre, le Festival international des jardins est de retour à Amiens. Créé par Gilbert Fillinger lorsqu’il était directeur de la Maison de la culture d’Amiens, il offre à de jeunes artistes, paysagistes, architectes et plasticiens un site exceptionnel pour leurs créations. En partenariat avec l’Office de tourisme et des congrès de la capitale picarde, le Club de la presse des Hauts-de-France nous y a offert une balade. Embarquement immédiat.

De l’eau à perte de vue, la nature qui l’entoure et le chant des oiseaux au matin, un cadre presque irréel à deux pas du centre-ville d’Amiens. C’est à bord d’une barque que nous sommes partis à la découverte de la cinquantaine de créations proposées cette année. Elles sont posées sur les îlots et jardins flottants qui jalonnent les 300 hectares et les cinq kilomètres de canaux qui sillonnent le site. Nous voilà sur le ponton d’embarcation. Habituellement, les gilets de sauvetage sont obligatoires mais vu que nous sommes accompagnés de guides, nous y échappons. L’embarquement n’est pas si simple. Nous devons nous tenir par la main afin d’éviter de tomber à l’eau, c’est que ça tangue une barque...

La visite peut aussi se faire à pied gratuitement.
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Ce jour-là, la météo est clémente et nous promet une belle matinée d’été. Un fléchage tout le long du parcours aide les visiteurs qui dirigent habituellement eux-mêmes les barques électriques. Arrivés au premier arrêt, notre guide attache la barque. Un jardin, le seul dans lequel on ne peut pas entrer, se présente au bout du ponton. Les paysagistes offrent la possibilité aux visiteurs d’admirer ce jardin, qui a évolué depuis sa création à mesure que la nature y reprend ses droits. Chaque arrêt est une nouvelle découverte artistique et paysagère, des œuvres parfois ludiques nous font retomber un peu en enfance : cabine téléphonique flottante permettant d’« appeler » des sons d’animaux différents, des créations ressemblant à des instruments de musiques, les « Hortillophones » installées sur plusieurs îlots pour écouter de manière amplifiée les sons environnants. Plus loin, nous arrivons sur un îlot où un bateau en bois semble échoué. Avant de partir à sa découverte, nos guides nous racontent l’histoire d’aventuriers à la recherche d’un trésor. Après une longue période de recherches, ils finiront par comprendre que le véritable trésor caché des hortillonnages reste sa beauté et son lien avec la nature.

Les Hortillophones permettent d’écouter l’environnement de manière amplifiée.
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Sensibilisation à l’écologie

Depuis la barque, les jardins prennent une autre envergure.
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Deux arrêts en particulier touchent les cordes sensibles de notre conscience écologique sur l’étang de Clermont. « 3 kilomètres à la ronde  » est l’œuvre de deux paysagistes : Ali Eoche-Duval et Cyril Servettaz. À première vue, on y découvre un jardin maraîcher avec ses salades et autres légumes bien rangés dans les trois axes que propose le jardin. Il faut savoir que le maraîchage était la vocation d’origine des hortillonnages. Si cette activité a périclité aujourd’hui, le festival rappelle son passé et participe à l’économie sociale et solidaire - et à l’intégration sociale - grâce au jardinage et à la distribution de plantes et légumes oubliés. Mais notre guide attire notre attention plus haut. Les yeux levés vers le ciel, nous découvrons trois ruches habitées par des abeilles qui semblent être les protectrices de ce lieu. Après plusieurs explications, nous comprenons qu’elles sont les gardiennes des hortillonnages, elles participent activement à la pollinisation des jardins et donc à la biodiversité. Nouvelle étape, nouveau jardin : « Élever la terre » de Livia Kolb et Virginie Alexe. Récit de l’agriculture traditionnelle, l’œuvre paysagère est une ode à l’ingéniosité de l’agriculture en milieu humide. Cinq représentations sont réparties dans ce jardin : l’Amérique du Sud avec ses planches de culture, le Mexique avec ses casiers agrémentés de boue fertile, les hortillonnages thaïlandais et leurs planches de culture surélevées où se côtoient fleurs, plantes aromatiques et arbres fruitiers, l’Océanie et ses buttes permettant la culture d’ignames et, enfin, un espace dédié aux hortillonnages d’Amiens.

Jeunesse engagée

Au détour de la visite, on tombera sur une nacelle de Mongolfière qui semble avoir attéri au milieu du jardin.
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Le parcours nous mène encore vers douze productions nouvelles (jardins ou installations). Nous avons aussi apprécié trois projets réalisés par des étudiants de l’UFR des Arts à l’Université de Picardie Jules-Verne. Le collectif Les Tisserins a lui créé l’œuvre « Tisser des liens », une cabane qui mêle maillage mécanique et fibre naturelle. Le but de cette installation est de proposer un écosystème associant technique primitive et pratiques actuelles pour faire le lien entre l’homme et la nature. Cela semble fonctionner puisque l’on remarque un nid dans le cabanon. Apparemment, un oiseau s’y est déjà installé. Sur un autre îlot, il faut traverser un pont et s’enfoncer un peu dans le jardin pour apercevoir l’œuvre du collectif Free- birds « ALEA », , un hommage à la ville d’Amiens. En effet, une montgolfière semble avoir atterri ici. La nacelle embourbée nous fait penser qu’elle y est restée depuis quelque temps... Serait-ce celle du Tour du monde en quatre-vingts jours ? Le collectif étudiant fait ainsi un clin d’œil à Jules Verne qui a vécu à Amiens, où il y a écrit une grande partie de son œuvre. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Nos hôtes ne nous laissent pas quitter la ville sans un passage au Musée de Picardie. Construit entre 1855 et 1867, sous Napoléon III, il figure parmi les plus beaux de France. À l’occasion du huitième centenaire de la cathédrale d’Amiens, le Musée de Picardie a monté une exposition consacrée à la confrérie Notre-Dame du Puy.

Musée de Picardie : « Les Puys d’Amiens »

Seules une vingtaine d’œuvres originales commandées par la confrérie ont résisté au temps. Ces œuvres relatent des faits historiques comme les guerres de religion, la Ligue ou encore le siège d’Amiens. La confrérie commandait chaque année un grand tableau à un artiste-peintre et l’accrochait dans la cathédrale le jour de Noël. Il y restait un an avant d’être remplacé par un autre. C’est ainsi que l’exposition peut retracer des centaines d’années d’histoire artistique, politique, culturelle ou religieuse d’Amiens. L’exposition se situe au premier étage du Musée de Picardie et se décline par ordre chronologique tout du long de la galerie.

Hortillonnages : du 29 mai au 17 octobre > À pied  : accès par le chemin de halage à l’Île aux Fagots et à l’Île Robinson ou par le chemin du Malaquis à l’étang de Rivery. Entrée libre et gratuite. Jusqu’au 31 août : ouvert tous les jours de 12h30à19h. Du 1er septembre au 17 octobre : du mercredi au dimanche de 12 h 30 à 19 h. Infos : communication @ artetjardins-hdf.com / 0678535592. > En barque : parcours de 2 h 30 au départ de Camon. Tarif : de 19 à 29 € (de 1 à 6 personnes). Jusqu’au 31 août : du lundi au vendredi de 13h à 19h et le week-end de 10h à 19h. Du 1er septembre au 17 octobre : du mercredi au vendredi de 13 h à 19 h et le week-end de 10 h à 19 h. Réservation en ligne uniquement sur artetjardins-hdf.com.

Musée de Picardie : Rendez-vous au 2, Puvis de Chavannes, Amiens, du mardi au vendredi de 9h30 à 19h et du samedi au dimanche de 11h à 19h (fermé le lundi). Tarif : 7 € (plein) ou 4 € (réduit). Le musée propose une programmation complémentaire comprenant des conférences au prix de 2 € (16 septembre et 7 octobre), des visites guidées à la même tarification (les 11, 18, 25 juillet et les 8, 15 et 29 août) et un accès pour les publics scolaires. Infos : 03 22 97 14 00 / museedepicardie @ amiens-metropole.com/amiens.fr.