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Zakopane et Cracovie

Visite au cœur de la Petite-Pologne

par JACQUES KMIECIAK
Publié le 10 mars 2022 à 19:26 Mise à jour le 11 mars 2022

Le premier se rend régulièrement en Pologne depuis les années 1980. Le second y est allé pour la première fois en février, avec les Amis de Zakopane, une association de Wingles. Jean-Paul Decourcelles et Didier Gayant, la soixantaine tous les deux, livrent leurs impressions sur leur récente escapade à Zakopane et aussi Cracovie, la capitale de la Petite-Pologne désormais accessible en avion de Lille-Lesquin.

Ne parlez pas de transport aérien à Didier Gayant. Il y est opposé « par philosophie personnelle ». C’est donc en autocar qu’il a rejoint, au terme d’un voyage de 20 heures, Zakopane, la « capitale des sports d’hiver » du sud du pays. « Le bus, c’est confortable. On prend le temps d’admirer les paysages. J’ai été frappé par l’importance, en Allemagne, des énergies renouvelables », souligne-t-il.

Un parfum d’authenticité

Au cours de son séjour, Didier Gayant s’est notamment rendu au réputé marché hebdomadaire de Nowy Targ au nord de Zakopane. Un marché qualifié de « spectaculaire par les aspects de la culture locale qu’il dévoile. On y trouve des ustensiles anciens, des haches ou encore des pièces de sellerie ». Cette impression d’authenticité l’a de nouveau gagné en franchissant les portes des petits commerces « moins fournis en plats préparés que les nôtres ». Une approche que tempère son ami Jean-Paul Decourcelles qui regrette la disparition « du marché à bestiaux de Nowy Targ ». Pour lui, la Pologne aurait en partie « perdu son âme ».

Mondialisation à marche forcée

Une perte d’attractivité qui affecterait certains des hauts lieux touristiques de cette Petite-Pologne jadis autrichienne. Et l’ancien cheminot de citer volontiers l’exemple de la Halle aux draps à Cracovie, joyau de l’architecture renaissance, située au cœur de la plus grande place médiévale d’Europe : le Rynek. « Avant, on y trouvait des objets dans la plus pure tradition de l’artisanat polonais. Aujourd’hui, ils sont fabriqués en Chine. Parfois, on a l’impression d’être à Hong Kong. » À Zakopane, Didier Gayant a aussi été marqué « par l’explosion immobilière ». « J’ai connu cette ville avec ses maisons construites sur de petites parcelles par de petits propriétaires. Aujourd’hui, les chalets en bois sont détruits pour laisser place à des complexes touristiques », confirme Jean-Paul.

« Coups de cœur » à profusion

Les chalets à l’architecture typique de Zakopane.
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Ces chalets à l’architecture typique constituent néanmoins encore l’une des principales attractions de la station. La villa Koliba abrite d’ailleurs un musée consacré au style Zakopane. Le tremplin de saut à ski de Wielka Krokiew en est une autre. Inauguré en 1925, il accueille toujours des compétitions internationales. Stanislaw Marusarz (1913-1993), l’une des gloires locales connue aussi pour ses activités de résistant au nazisme, s’y illustra avant la Seconde Guerre mondiale. Les balades dans la neige en traîneaux ou encore la visite des thermes de Chocholow situés à proximité, sont tout autant prisés des touristes. « J’ai aussi beaucoup apprécié la vue sur la chaîne montagneuse des Tatras », souligne Didier. Tout comme il a aimé à Cracovie, « le quartier juif de Kazimierz ». « Il est resté dans son jus », précise Jean-Paul qui ne tarit pas d’éloges sur la « capitale culturelle » du pays de Mickiewicz. Cracovie ? « C’est le berceau de la Pologne, l’ancienne capitale du royaume comme en témoigne le château du Wawel transformé en musée. »

Au temps béni du socialisme

Jean-Paul y a toujours plaisir à faire découvrir à ses hôtes les « bars à lait » où il était possible de se restaurer pour une bouchée de pain du temps de la Pologne populaire, celle d’avant la restauration capitaliste. Une époque révolue qui offrait aussi « de croiser sur les boulevards qui ceinturent la vieille ville des étudiants des Beaux-Arts vendant leur toile », poursuit-il un brin nostalgique. Il encourage à visiter le quartier de Nowa Huta situé à l’est d’une ville traversée par la Vistule. Sa construction débute en 1949. « Cité-modèle » à l’époque du socialisme réel, elle accueillit la fonderie Lénine, un fleuron de l’industrie d’État désormais débaptisé et passé sous la coupe de la multinationale ArcelorMittal.

À Zakopane, de la station de ski de Gubalowka, la vue sur les Tatras.
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Une Église toujours présente

Didier a gagné la Pologne « sans a priori ». Il n’a « pas été déçu du voyage, ravi de l’accueil reçu », mais animé du sentiment mitigé que « ce beau pays change à grande vitesse en entrant de plain-pied dans le libéralisme » avec ses gagnants, mais aussi ses nombreux perdants. Il en conserve ainsi le souvenir tenace et désagréable d’une soupe populaire organisée près d’une église. « Les gens faisaient la queue. Certains étaient assis, un seau en plastique à la main. Ça m’a estomaqué », confie un homme tout autant surpris par « l’omniprésence de l’Église catholique » comme l’atteste la multiplication, depuis les années 1990, des rues et places à la gloire de Karol Wojtyla alias Jean-Paul II, originaire de Petite-Pologne.

À faire aussi dans les environs :

  • Le camp d’extermination d’Auschwitz,
  • La mine de sel de Wieliczka,
  • La descente de la rivière Dunajec.