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Voyage au Pays basque intérieur

par PIERRE GAUYAT
Publié le 20 août 2021 à 11:47

Avant-dernière étape du voyage que nous vous proposons cet été : cap vers la Basse-Navarre et vers la Soule. Le saviez-vous : c’est dans la ville de Mauléon qu’étaient fabriquées les espadrilles que portaient les mineurs de notre région...

Si la côte basque est bien connue des vacanciers et des surfeurs, le Pays basque intérieur mérite, lui aussi, un détour. Il s’étend vers l’est, en direction du Béarn, seconde composante du département des Pyrénées-Atlantiques, avec deux provinces, la Basse-Navarre dont la capitale est Saint-Jean-Pied-de-Port, Donibane Garazi en euskara, et la Soule avec Mauléon- Licharre, Maule-Lextarre, comme ville principale.

Le gré rose de Saint-Jean-Pied-de-Port

La Basse-Navarre offre un paysage vallonné, verdoyant, fait de collines et de sommets plus pentus vers le sud et la chaîne pyrénéenne. Saint-Jean-Pied-de-Port se trouve sur une des voies du Chemin de Compostelle, au pied de différents cols, appelés « ports » dans les Pyrénées. C’est une ville fortifiée ceinte par des remparts de grès rose, coiffée par une citadelle construite au XVIIe siècle. Ses rues gardent le charme qu’elles avaient à l’époque car la ville haute, gardée par ses remparts, n’a guère changé au fil des siècles. L’ensemble est assez remarquable et vaut vraiment une visite, d’autant que la Basse-Navarre ne manque pas d’autres centres d’intérêt comme la vallée des Aldudes, au-dessus de Saint-Étienne-de- Baïgorry, en direction de l’Espagne, ou la forêt d’Iraty. Elle possède encore le seul vignoble du Pays basque, l’AOC Irouléguy, qui produit un bon vin sans prétention mais fort agréable pour accompagner un plat basque comme l’axoa, un émincé de veau relevé au piment d’Espelette.

Un clocher trinitaire à Mauléon-Licharre.
© © Wikicommons CC0 1.0

Une ville communiste en Pays basque

Plus à l’est, Mauléon et la Soule sont sans doute moins connues car elles ne sont pas tournées vers le tourisme de masse. La ville est célèbre pour ses espadrilles qui ont chaussé des générations de mineurs du Nord- Pas-de-Calais et des autres bassins houillers. Le déclin des activités minières a entraîné celui de l’industrie de l’espadrille, également concurrencée par les modèles asiatiques à bas prix. Mais celle-ci existe toujours et, si elle n’emploie plus une main-d’œuvre nombreuse, plusieurs ateliers continuent de produire à Mauléon des modèles plus élaborés, tournés vers la mode et le haut de gamme. Ville ouvrière, Mauléon penche à gauche, elle a même élu un maire communiste en juin 2020, ce qui est assez rare au Pays basque encore marqué par les idées conservatrices et l’influence de l’Église catholique. La Soule, comme sa voisine navarraise, est vallonnée et montagneuse, son économie est en grande partie agricole, notamment pastorale avec une production laitière destinée à la fabrication du fromage de brebis Ossau-Iraty. La Soule est aussi la province qui fait vivre avec le plus d’intensité les traditions basques, notamment dans le domaine de la culture avec les danses souletines, classées au patrimoines immatériel de la France en 2017, et les mascarades carnavalesques. Les traditions architecturales sont assez différentes du reste du Pays basque, comme les églises qui possèdent des clochers trinitaires, en référence à la Sainte Trinité, à trois pointes. La Basse-Navarre comme la Soule donnent une image un peu différente du Pays basque sans doute plus authentique et avec une nature plus sauvage.

Représentation de danse souletine en costume traditionnel.
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