Stéphane VONTHRON (CNTPEP)

« Le gouvernement nous surprend toujours dans l’ignominie ! »

par Philippe Allienne
Publié le 30 décembre 2022 à 14:27

Élu au CN du Comité National des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires (CNTPEP) CGT, Stéphane Vonthron est de ceux qui ont appelé à manifester mercredi 28 décembre contre la nouvelle contre-réforme de l’assurance-chômage.

  • Vous considérez, avec d’autres, que le gouvernement est en guerre contre les chômeurs. Honnêtement, la dernière mesure vous a-t-elle vraiment surpris ?

Tout de même ! On a beau s’attendre au pire, le gouvernement parvient toujours à nous surprendre dans l’ignominie. D’abord, il y a cette annonce de réduction de 40% de la couverture d’un privé d’emploi, et ce dès février 2023. On passerait directement de 25% (ce qui est déjà énorme) à… 40%. En plus, l’annonce est faite le 23 décembre, juste avant les fêtes de fin d’année. On croirait presque à une blague !

  • Le ministre du Travail souligne bien qu’il faut pour cela que le taux de chômage soit inférieur à 6%. Cela vous semble sérieux ?

De deux choses l’une, soit le gouvernement a l’intention de bidouiller les statistiques du chômage. Et on sait comment il fait pour faire disparaître des chômeurs en fonction de la catégorie dans laquelle ils sont inscrits. Soit il joue la fenêtre d’Overton : il annonce quelque chose d’inacceptable pour faire passer d’autres projets, d’autres idées « moins pire ». Au départ, il veut réduire la couverture de 25%. Peut-être met-il en place une stratégie lui permettant d’appliquer une mesure qui tournerait autour de ce chiffre. Et puis, derrière tout cela, il y a aussi les autres réformes qui sont annoncées : retraite, immigration, RSA conditionné. Le gouvernement ne fait rien par hasard et il s’efforce de faire passer la pilule.

  • En clair, j’annonce 40% et si j’applique 25%, vous aurez l’impression d’avoir gagné quelque chose ?

C’est un peu ça. Mais de toute façon, vous savez qu’il y a un énorme pourcentage de chômeurs qui ne sont pas indemnisés. En fait, le gouvernement a l’esprit rivé sur les économies qu’il entend réaliser. Il n’est évidemment pas question pour lui de défendre la répartition des richesses.

  • La réforme doit se mettre en œuvre à partir de février. Que pouvez-vous faire en un mois ?

Mettre la pression comme nous l’avons fait lors de la manifestation de ce mercredi 28 décembre. Certes, à Lille nous étions peu nombreux et nous n’avons pas pu -la police était vigilante- pénétrer dans les locaux de Pôle Emploi pour les occuper comme c’était prévu. Mais cela s’est fait dans les autres villes où se déroulait cette même opération, avec à chaque fois 30 à 50 personnes dans les locaux. Trois Pôles Emploi ont été occupés : à Lorient, à Montreuil et à Marseille. Des rendez-vous ont été obtenus avec les préfets et nous avons fait une demande de rencontre avec le ministre du Travail, sans réponse à ce jour.

  • Vos demandes ?

L’annulation des deux dernières contre-réformes, l’ouverture de négociations non faussées, la mise en place d’une allocation minimale pour tous les chômeurs, la revalorisation allocation chômage de 15 euros par jour, l’indexation des salaires sur l’inflation. Ainsi que toutes les revendications portées par le CGT : les 32 heures par semaine, l’avancement de l’âge légal de départ en retraite, l’arrêt des politiques de contrôle sur les privés d’emploi et les précaires, etc. Mais il faut voir que nous sommes dans un mouvement national des deux côtés du guichet.

  • Vous allez vous battre avec les autres organisations syndicales ?

Bien sûr, nous allons combiner nos forces avec les autres syndicats, les autres mouvements qui refusent cette contre-réforme. Dans un premier temps, nous ferons tout pour qu’elle ne soit pas mise en œuvre au 1er février.

À lire aussi https://libertehebdo.fr/economie-et-social/article/coup-fourre-du-gouvernement-contre-les-demandeurs-d-emploi