Après la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta

Mali : l’espoir

Par Bassirou DIARRA*

Publié le 21 août 2020 à 18:25

Des officiers de l’armée malienne viennent de parachever, ce 19 août 2020, la lutte du peuple malien en mettant fin à sept ans de pouvoir du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Sept ans au cours desquels tous les clignotants sont passés au rouge : déliquescence de l’enseignement, santé moribonde, baisse du pouvoir d’achat de la population, justice aux ordres, corruption généralisée, insécurité, répression… IBK a signé à Kati, sa démission, celle de son gouvernement, et a prononcé la dissolution de l’Assemblée Nationale. Il était temps car cette démission était réclamée depuis plusieurs mois par le peuple malien, voulant mettre un terme à un régime conduisant notre pays vers l’abîme. Des mois de combats acharnés sous la conduite du Mouvement du 5 Juin (M5- RFP) et le soutien de l’autorité morale, l’Imam Mahmoud Dicko. Le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) mis en place par les officiers de l’armée malienne, vient de donner les premières indications sur sa feuille de route : dissolution de l’Assemblée Nationale, mise en place d’une transition politique dirigée par des civils, respect de tous les accords internationaux du Mali (bilatéraux et multilatéraux), élections générales. Depuis mardi et la chute du régime de Ibrahim Boubacar Keïta, nous assistons à un déchainement de ladite « communauté internationale » contre le renversement d’un pouvoir honni par le peuple. Une « communauté internationale » qui n’a rien fait contre la souffrance du peuple malien, rien fait après les tripatouillages électoraux de mars et avril 2020. Une « communauté internationale » qui a fermé les yeux sur les massacres (23 morts) des 10, 11 et 12 Juillet 2020 et qui aujourd’hui menace de sanctions le peuple malien.

Lire aussi : « Massacres à Bamako » du même auteur, paru mi-juillet.

Les officiers maliens qui ont pris leur responsabilité (sans effusion de sang), pour mettre fin à la dérive et à la crise socio-politique sont l’émanation du peuple, victimes eux aussi, de la corruption qui a gangrené toutes les sphères de l’État. L’Histoire nous rappelle que des militaires révolutionnaires ont fait preuve de patriotisme, d’engagement contre le colonialisme, le néo-colonialisme, l’impérialisme et les dictatures. Je pense aux capitaines de la Révolution des œillets au Portugal, au capitaine Thomas Sankara du Burkina Faso, au Colonel Hugo Chavez du Venezuela, au capitaine Jerry Rawlings du Ghana. Face à la nouvelle situation que connaît notre pays, c’est aux politiques d’assumer leurs responsabilités et d’éviter les erreurs de la révolution du 26 Mars 1991. Il s’agit de conduire notre pays vers de vrais changements. Répondre à l’espoir et à l’espérance du peuple malien : telle est la mission qui revient aujourd’hui aux partis politiques, aux démocrates, patriotes, progressistes et républicains de notre pays.

*Président de l’AMSCID (Association malienne de solidarité et de coopération internationale), ex-journaliste à l’Humanité, ex-secrétaire général de la Présidence de la République du Mali, commandeur de l’Ordre national du Mali et chevalier de la Légion d’honneur de France.

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