Le chef de file a débuté sa Grande Boucle dans un département qu’il connaît bien pour y être né. À Sallaumines, en soirée, planté au milieu d’un public acquis à sa cause, Fabien Roussel apparaît décontracté, mais déterminé. Il explique son objectif : « Nous n’avons jamais vécu une inflation aussi forte. En Ukraine, la menace nucléaire est sérieuse. Les inquiétudes sont nombreuses. Mon but aujourd’hui est de me nourrir de vos réflexions, d’échanger avec vous sans… tabou. »
Mettre fin à l’assistanat par l’emploi
Le pouls de la « France d’en bas », il l’a pris le matin même à Arques auprès des travailleurs d’Arc France. Un salarié lui a confié que touchant « 1448 euros nets par mois après 35 ans d’ancienneté, il est contraint de recourir à des aides comme la prime d’activité ». Pour Fabien Roussel, « c’est inacceptable. Ne pourrions-nous pas vivre de notre travail plutôt que de la charité ? ». Puis de s’expliquer quant à sa position sur le RSA largement commentée dans les médias : « En 1988, le PCF a voté pour le RMI. Il s’agissait alors d’une aide censée être ponctuelle, octroyée aux plus démunis afin d’éviter qu’ils ne sombrent dans la grande misère. En 2009, nous nous étions opposés au RSA car ce type d’accompagnement n’a pas vocation à s’inscrire dans la durée. Il doit déboucher, en deux ou trois ans, sur un vrai travail dans le cadre d’une politique de création d’emplois, d’une réduction du temps de travail et d’une fixation de l’âge de la retraite à 60 ans. »
Des nationalisations au programme
D’autant que les besoins existent… En vingt ans, la France « a perdu un million d’emplois industriels ». Les perspectives tracées par le gouvernement ne sont cependant guère réjouissantes comme le rappelle Catherine Piecuch, secrétaire académique de la FSU : « En 2023, 2 000 emplois seront supprimés dans l’Éducation nationale. » Et Raphaël Mequignon d’ENEDIS de pointer du doigt « la précarité énergétique qui touche 12 millions de Français » à l’heure où Jérôme Jossien de la SNCF dénonce le « démembrement du service public du rail par le conseil régional des Hauts-de-France ». L’occasion pour Fabien Roussel de dire son exigence d’un retour à « un grand service public du gaz, de l’électricité et du chemin de fer en redonnant à la SNCF les moyens d’investir ». La souffrance au travail des personnels soignants, les conditions d’exercice dans l’industrie automobile, le chômage longue durée qui guette des dizaines d’ex-salariés de Bridgestone victimes de « promesses de reclassement non tenues », selon Christian Duchâteau de la CGT Béthune ou encore la Coupe du monde au Qatar… De nombreux sujets sont abordés tout au long d’un échange qui durera deux heures.
Dans ce contexte particulièrement morose, le dirigeant communiste demande de réfléchir à la façon d’inciter les électeurs « à retourner aux urnes sans utiliser cependant le pire des bulletins. Lors des législatives, 26 millions de Français se sont abstenus ». Il s’agit surtout « d’entrevoir comment on va s’en sortir ensemble ? On ne peut pas attendre cinq ans sinon on va dérouiller », insiste-t-il bien conscient que l’activité parlementaire ne suffira pas « dans la mesure où nous sommes à l’Assemblée nationale 151 députés de gauche contre 426 de droite ou d’extrême droite ». Un salarié de Faurecia lui rétorque que « les seules batailles gagnées sont celles menées dans nos boîtes en empêchant les patrons de s’enrichir. Aujourd’hui, nous, les ouvriers, devons descendre dans la rue pour notre jeunesse ». Pragmatique, l’ancien sénateur PCF Dominique Watrin propose de « redonner des couleurs au PCF en démultipliant les rencontres avec les syndicalistes comme nous le ferons à Rouvroy le 28 octobre prochain ». Maire de Méricourt, Bernard Baude suggère lui de « renouer avec l’utopie politique, nous ne pouvons pas nous contenter d’être dans la résistance aux mauvais coups. Nous devons faire rêver ». Fabien Roussel acquiesce. Il se dit soucieux à travers la mise en application du programme des Jours Heureux inspiré du Conseil national de la Résistance de « se libérer du capitalisme ».