À l’heure où Liberté Hebdo bouclait cette édition, ce jeudi 3 février, la police avait bouclé notre quartier pour nous offrir cet horizon grillagé. L’équipe du journal n’y était pour rien. Place de la République, où s’expriment régulièrement les sans-papiers, c’était au tour des anti-sans-papiers de manifester. Sous la conduite du Gand chambellan Darmanin, les ministres européens de l’Intérieur étaient reçus en préfecture.

C’était le 11 janvier à Lille. Un jeune livreur à vélo a laissé la vie. Celle stèle a été érigée sur le lieu de l’accident, pour que l’on se souvienne. De lui, bien sûr, mais aussi que lorsque que nous commandons une pizza, des sushis ou tout autre repas, nous serons livrés par un cycliste surexploité et ubérisé, obligé de rouler trop vite, et conduit à perdre l’existence pour la gagner.

Alors qu’Emmanuel Macron inaugurait la présidence française de l’Union européenne, ce mercredi matin 19 janvier, des activistes d’Action non-violente COP21 ont plongé des portraits officiels du président dans du simili-pétrole aux abords du Parlement européen. Ils voulaient « dénoncer son bilan climatique et social désastreux ».

Et c’est tant pis pour nous, car eux, au moins, mangent chaque jour à leur faim, bien nourris par une passante engagée ou grâce aux miettes que nous laissons tomber. Même en hiver, ils restent au chaud grâce aux nombreux abris dont ils disposent sous les ponts, les toitures et autres poutrelles de gares… Si seulement tous les hommes étaient des pigeons ! Mais des vrais, pas ceux de l’expression.

À la sortie de Gruson, dimanche dernier, notre photographe a bien cru avoir une hallucination en voyant surgir du brouillard un peloton de cyclistes tout de rouge vêtus dans la roue d’un leader à barbe blanche. Il a bien vite compris qu’il ne s’agissait pas de Karl Marx ouvrant la voie à des militants communistes adeptes de la petite reine mais bien de pères Noël en cortège. Qui s’entraînaient peut-être en vue d’une fin de semaine qui s’annonce chargée… ?